Le fantôme de Hong Kong


La situation reste tendue à Hong Kong après la victoire écrasante des candidats pro-démocratie aux élections locales, le 24 novembre, et la promulgation le 27 par Donald Trump d’une loi en faveur des manifestants. Un double revers pour Pékin.

Le Parti communiste chinois (PCC) opère de plus en plus à visage découvert dans la vie politique hongkongaise, malgré le principe « un pays, deux systèmes ». Il ne dirige pas pour autant officiellement cette « région administrative spéciale », ancienne colonie britannique rétrocédée à la Chine en 1997, et y reste une organisation clandestine. Ce qui est « une contradiction absolue », note Christine Loh.

Dans Underground Front, paru en 2010, cette ancienne députée de l’Assemblée hongkongaise actuellement à la tête du think tank Civic Exchange rappelle que le PCC a toujours été actif sur le territoire. Pendant la Seconde Guerre mondiale il dissimulait ses activités derrière la façade d’un grossiste en thé et, après 1946, derrière celle d’une agence de presse.

Le PCC est présent à Hong Kong depuis les années 1920. La colonie britannique lui sert alors de base arrière dans sa guerre contre le Kuomintang. Et lors de la création de la République populaire de Chine, en 1949, le PCC ne cherche pas à récupérer le territoire. Son statut de colonie lui est utile pour diffuser sa propagande et espionner l’Occident.

Pékin change de politique en 1982. Les communistes locaux tissent des liens étroits avec l’élite économique hongkongaise et vont jusqu’à renflouer des chefs d’entreprise locaux en difficulté, s’assurant ainsi la loyauté de la minorité qui dirige aujourd’hui le territoire. Le PCC s’est en revanche toujours méfié de la population, qui avant la rétrocession, était déjà majoritairement favorable à des institutions démocratiques.

Mais la stratégie mise en place par Pékin pour contrôler Hong Kong est contre-productive, note Mme Loh. Car plus le PCC s’appuie politiquement sur une petite élite, plus les Hongkongais réclament des réformes démocratiques.

 

À lire aussi dans Books : Conversations avec la police chinoise, janvier 2014.

LE LIVRE
LE LIVRE

Underground Front. The Chinese Communist Party in Hong Kong de Christine Loh, Hong Kong University Press, 2010

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