Quand le feu ravageait la Terre
Publié le 10 janvier 2020. Par Amandine Meunier.
Les fumées des gigantesques incendies qui ravagent l’Australie depuis près de quatre mois engloutissant plus de dix millions hectares de forêts ont atteint cette semaine le ciel du Chili et de l’Argentine, 12 000 kilomètres plus loin.
Le premier feu de l’histoire se serait consumé il y a environ 420 millions d’années, assure le géologue Andrew C. Scott qui étudie l’histoire du charbon depuis quarante ans. Cependant précise-t-il dans son livre Burning Fire, la végétation était rare à cette époque et les incendies ne devaient donc pas être très importants. Les grands feux de forêt dateraient d’il y a 350 millions d’années. Du charbon retrouvé en Irlande laisse à penser que les flammes auraient alors ravagé une surface équivalente à celle des Pays-Bas, de la Belgique et du Luxembourg réunis.
C’est lors de l’ère du Permien, il y a 250 à 300 millions d’années, que le feu a vraiment pris ses aises, assure Scott. L’étude de couches de charbon datant de cette époque en Sibérie et en Antarctique montre que les incendies étaient alors particulièrement fréquents et intenses, plus qu’aujourd’hui. Le feu a peut-être même alors joué un rôle dans la plus importante extinction de masse de l’histoire de la Terre. 95 % des espèces vivantes ont disparu à la fin du Permien.
Les causes de cette catastrophe font encore débat. Mais il semblerait que la Terre se soit brutalement réchauffée. Scott souligne qu’il n’est pas possible de savoir si les méga incendies survenus à cette époque sont la conséquence ou une des causes de ces bouleversements. Mais il suppose que de gigantesques feux auraient recouvert de cendre de grandes surfaces enneigées ou glacées. Ces étendues blanches qui renvoyaient les rayons solaires, une fois noircies, se sont mises à les absorber et donc à fondre, conduisant peu à peu au réchauffement de la Terre.
Pour le feu lui-même, l’extinction de la fin du Permien a changé la donne : la baisse du niveau d’oxygène dans l’atmosphère et le peu de flore survivante ne lui a plus permis des s’embraser aussi puissamment qu’avant.
À lire aussi dans Books : Quand les forêts s’embrasent, juillet-août 2019.