La garçonne, toute une histoire
Dans Lost Girls, Linda Simon, professeure de littérature au Skidmore College de New York, retrace l’apparition de la figure de la « garçonne », cette jeune fille typique des années folles, désignée en anglais par le terme « flapper ». Cheveux courts, allure androgyne, cigarette aux lèvres, silhouette gracile flottant dans une tunique ornée de perles, la « garçonne » n’est pas apparue de manière spontanée au début du siècle dernier, dans le sillage des « années folles ». Au contraire, Simon « montre que la figure classique de la garçonne que nous connaissons est en fait le point final d’une dispute qui dura vingt ans au sujet de l’adolescence féminine », commente Lorna Scott Fox dans The Times Literary Supplement .
A la fin du XIXe siècle, les adolescentes, souhaitant se libérer des contraintes sociales, commencèrent à investir les théâtres et les salles de cinéma. Des deux côtés de l’Atlantique, elles s’émerveillèrent devant Peter Pan, dont l’intrépide héros était interprété par une jeune fille androgyne. Les dancings jouèrent également un rôle décisif dans l’émancipation de ces femmes, puisqu’elles pouvaient y danser, fumer et flirter sans être sous le regard d’un parent. L’industrie cosmétique s’engouffra dans la brèche, et ce fut l’apparition du maquillage et des guides pour apprendre à compter les calories. Même les fabricants de cigarettes participèrent à ce mouvement, arguant que « fumer est la manière moderne de faire un régime », nous apprend Linda Simon.
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