L’homme qui a voulu écrire sur #MeToo

En février 2018, au cœur de la vague #MeToo, le journaliste australien David Leser écrit pour le magazine Good Weekend un article intitulé « Women, Men and the Whole Damn Thing », soit « Les femmes, les hommes et tout le tralala ».

Certains et certaines ne voyaient pas de problème à ce qu’un homme se penche sur l’oppression patriarcale. « Mais pour d’autres, relève la journaliste Brigid Delaney dans The Guardian, l’idée qu’un homme puisse écrire sur le sort des femmes, et qu’on lui laisse toute la place de s’exprimer sur ce sujet, était un cas extrême de ‘mansplaining’, tout spécialement quand il a été annoncé que l’article allait être suivi d’un livre ».

Un homme prêt à écouter

David Leser, lui, définit son ouvrage, publié cet été, comme une tentative de montrer « qu’il y a des hommes prêts à écouter et à apprendre ». Et c’est ainsi qu’il le façonne, comme l’éducation d’un homme au féminisme et aux expériences féminines, du harcèlement sexuel aux inégalités dans le couple. Il compile les statistiques, rencontre des universitaires et des personnalités engagées en Australie, aux États-Unis et en France.

Leser en profite pour revenir sur son passé et notamment l’échec de son mariage. Il a quitté sa femme, dit-il, parce qu’il souffrait qu’elle pense qu’il avait construit sa carrière à ses dépends. Mais il admet aujourd’hui qu’elle avait raison et qu’il ne voulait pas l’admettre.

Quand l’homme écrit sur ses privilèges

« Son statut d’ancien antagoniste, qui essaie de comprendre en quoi ses privilèges (qu’il commence seulement à remarquer) incarnent une culture nocive pour les femmes, est aussi ce qui fait que le livre fonctionne, souligne la journaliste Jo Case dans The Sidney Morning Herald. Les femmes découvrent une perspective qui leur sera utile si nous arrivons à un grand changement culturel, et les hommes sont invités à imaginer le point de vue des femmes, en compagnie de l’un des leurs ».

Mais dans Forbes, Avivah Wittenberg-Cox, directrice générale de la société 20-first, spécialiste des questions de mixité dans l’entreprise, n’est pas convaincue. « L’énorme mea culpa général dans lequel Leser englobe sa propre ignorance de la réalité sera difficile à vendre aux hommes », tranche-t-elle.

À lire aussi dans Books : Femmes et pouvoir, mai-juin 2018.

LE LIVRE
LE LIVRE

Women, Men, and the Whole Damn Thing de David Leser, Allen & Unwin, 2019

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