Une Jane Austen dans le Japon médiéval

À la cour de Kyoto, au XIe siècle, les mœurs sont régies par le bouddhisme et l’amour courtois. Une femme y écrit un roman-fleuve, Le Dit du Genji. Ce texte continue de nous parler, tant les ressorts de la psychologie humaine affirment leur constance.

 


© Japan’s National Diet Library

Les estampistes de l’époque Edo ont abondamment illustré les épisodes du Dit du Genji, souvent à des fins parodiques.

Chef-d’œuvre japonais du XIe siècle considéré par beaucoup comme le premier roman de l’histoire, Le Dit du Genji traite avant tout de l’art de la ­séduction. Non qu’on y trouve des scènes de sexe : dans la prose de ­Murasaki Shikibu, les choses sont rarement explicites – elles sont suggérées, par allusions souvent ­nébuleuses. Ce qui compte dans les scènes de séduction, c’est l’art, la ­poésie – au sens propre d’ailleurs : la bonne façon de s’y prendre avec la femme désirée, c’est de lui faire parvenir des poèmes écrits sur du papier parfumé de la meilleure qualité par l’intermédiaire d’un messager vêtu avec élégance et d’un bon rang social. Si cette stratégie ­d’approche s’avère ­fructueuse, on échangera d’autres poèmes. Une des raisons pour lesquelles le contact physique entre hommes et femmes est rarement décrit dans le Dit du Genji, c’est que les protagonistes de l’amour courtois ne se voient presque jamais distinctement, et en tout cas pas nus ; la nudité complè...
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Le Dit du Genji de Murasaki Shikibu, Verdier

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