L’agonie poétique de Bucarest
Publié dans le magazine Books n° 27, novembre 2011.
Cela se passe au « pays au double langage », écrit le Spectator : une ville hérissée de grues et d’immeubles inachevés où les épiciers étalent leurs maigres stocks – « quelques poivrons aux airs de vieilles chaussettes et des carottes atrophiées » – à même le trottoir, alors qu’un peu plus loin le champagne s’écoule au marché noir. Nous sommes à Bucarest, en 1989, quelques mois avant la chute de Ceausescu…
Cela se passe au « pays au double langage », écrit le Spectator : une ville hérissée de grues et d’immeubles inachevés où les épiciers étalent leurs maigres stocks – « quelques poivrons aux airs de vieilles chaussettes et des carottes atrophiées » – à même le trottoir, alors qu’un peu plus loin le champagne s’écoule au marché noir. Nous sommes à Bucarest, en 1989, quelques mois avant la chute de Ceausescu. Une période que connaît bien le poète Patrick McGuinness, qui vivait alors en Roumanie. Pour The Independent, cela donne à son premier roman « le parfum inimitable de l’authentique ». The Last Hundred Days est narré par un étudiant britannique fraîchement débarqué dans la capitale roumaine. Il y rencontre Leo, un universitaire louche, pilier du marché noir et auteur d’un guide visant à préserver la mémoire de cette ville en passe de disparaître derrière les fantasmes architecturaux du dictateur. Après s’être amouraché de la fille d’un apparatchik, le héros va s’imaginer qu’il peut aider des étudiants à fuir le pays… Si la prose relève parfois du « thriller de bas étage », estime le Spectator, le livre n’en traduit pas moins « l’intensité poétique avec laquelle McGuinness a perçu la ville ».