Le Brésil sans clichés de Gilles Lapouge

De tous les pays du monde, le Brésil est sans doute celui qui appelle le plus volontiers les superlatifs, suscite le plus facilement l’enthousiasme et fait l’objet des clichés les plus nombreux. Dans le Dictionnaire amoureux du Brésil de Gilles Lapouge, on trouve quelques superlatifs, assortis d’amples explications sur les raisons qui les justifient, beaucoup d’enthousiasme, combiné avec une grande lucidité et tempéré par un sens critique aigu, mais pas la moindre trace de cliché. Personnel et subjectif, dans l’esprit de la collection des Dictionnaires amoureux, le tableau du Brésil que brosse Gilles Lapouge est aussi éloigné qu’il est possible des stéréotypes et des images simplificatrices. Un des produits les plus réussis (peut-être le plus remarquable) d’une série qui compte un grand nombre d’excellentes réalisations, le Dictionnaire amoureux du Brésil est à la fois, selon l’expression consacrée, le livre que Gilles Lapouge ne pouvait manquer d’écrire, un des ouvrages les plus intéressants  existant aujourd’hui en français sur le Brésil et une œuvre littéraire à part entière, la meilleure et la plus aboutie de son auteur.

Le Brésil occupe dans la vie et l’œuvre de Gilles Lapouge une place déterminante, quasiment centrale. Après une enfance passée en Algérie et une jeunesse de bohême étudiante, littéraire et artistique (il a fait du théâtre) partagée entre ce pays et la France, en 1951, dans des circonstances qu’il raconte dans le livre d’entretiens La Maison des lettres et rappelle dans le Dictionnaire, il était recruté par Fernand Braudel, à l’époque professeur d’histoire peu connu, comme responsable de la rubrique économique du quotidien brésilien O Estado de São Paulo. Après être resté trois années sur place, il a continué à travailler durant quelque soixante ans pour ce journal au titre de correspondant en France, traitant de sujets divers à l’attention de ses lecteurs brésiliens, ainsi qu’il le rapporte dans un récent livre de souvenirs, Le Flâneur de l’autre rive. Régulièrement, il retournait bien sûr au Brésil, qui est donc, après le sien (peut-être même avant), le pays que ce grand voyageur connaît le mieux.

Assez naturellement, le Brésil est devenu un des sujets majeurs de ses livres. Plus riche et plus varié que l’intéressé lui-même ne tend à le décrire en le présentant comme le reflet de « quelques idées, quelques manies, quelques obsessions », l’univers de Gilles Lapouge n’en est pas moins organisé autour de quelques grands thèmes : les pirates, sujet sur lequel il a écrit plusieurs années avant que Michel Le Bris ne s’y intéresse et ne fasse publier la traduction intégrale en français de la fameuse épopée de la flibuste du mystérieux Capitaine Johnson (en réalité un pseudonyme sous lequel se cachait Daniel Defoe, selon l’historien anglais Christopher Hill), les voyages et la géographie, la neige et l’Islande (qui le fascinent), la faune et la flore, en particulier les abeilles, etc. Un des thèmes récurrents parmi les plus fréquents est le Brésil.

Le Dictionnaire amoureux du Brésil vient aussi s’inscrire spontanément dans le prolongement de ce que Lapouge avait écrit jusqu’ici en raison de sa forme. Collaborateur attitré des Nouvelles Littéraires de Maurice Nadeau, associé aux débuts du magazine littéraire télévisé Apostrophes de Bernard Pivot, rapidement devenu un des piliers du festival du livre et du film de Saint-Malo Étonnants voyageurs, Gilles Lapouge a en effet composé une œuvre essentiellement constituée, à côté des romans, d’essais se présentant chaque fois sous la forme d’un assemblage cohérent de longs fragments (Equinoxiales, Utopie et Civilisation, Le Bruit de la neige, Besoin de mirages, L’encre du voyageur, La légende de la géographie). Par sa formule, le Dictionnaire amoureux du Brésil se situe dans le droit fil de cette série, qu’il vient en quelque sorte couronner.

Les réalités cruelles de l’esclavage

Que nous apprend ce dictionnaire ? D’abord et avant tout, beaucoup de choses sur l’histoire du Brésil : sa découverte par Pedro Cabral et l’origine de son nom, le pau-brasil, l’« arbre de braise », ainsi baptisé par les Portugais en raison de sa couleur, dont « l’aubier est vermillon, l’écorce rouge [...] et le cœur écarlate », et duquel on extrait des teintures ; l’élection par les missionnaires jésuites, pour pallier les effets de la diversité des dialectes indiens, d’une variété du langage tupi-guarani au titre de « langue générale » ; la construction de Brasilia, troisième capitale du pays après Salvador de Bahia et Rio de Janeiro, une initiative du président Juscelino Kubitschek concrétisée par l’urbaniste Lúcio Costa et l’architecte Oscar Niemeyer – une réussite à condition d’admirer la ville depuis un avion, précise Lapouge, et un grand rêve égalitaire et communiste dans lequel la misère, regrette-t-il, s’est invitée avec le béton et l’acier.

On fait la connaissance des mercenaires de légende du XVIIe siècle, les bandeirantes, des cangaceiros, bandits de la région du sertão, des garimperos à la recherche de l’or et des seringueros qui saignaient les hévéas pour en recueillir le latex. On découvre aussi, à la suite de l’anthropologue Gilberto Freyre les réalités cruelles de l’esclavage autrefois, et celles, aujourd’hui, de l’intégration des groupes raciaux, moins harmonieuse que ne le veut l’idéologie du métissage heureux et marquée par la persistance d’une forte discrimination sociale corrélée avec la clarté du teint (on apprend à ce sujet avec surprise qu’une enquête démographique, en 1976, distinguait dans la population 136 types différents de couleur de peau). Gilles Lapouge est aussi très disert sur les richesses naturelles du Brésil et leur exploitation économique : les 420 espèces de palmiers endémiques au Brésil (le naturaliste allemand Alexander von Humboldt en avait identifié 40), le café, l’extraordinaire aventure du caoutchouc, qui a fait surgir une ville dotée d’un opéra, Manaus, au cœur de la forêt amazonienne, et même l’éthanol, qui fait l’objet d’une des rares entrées portant sur l’économie brésilienne d’aujourd’hui. À son propos, Lapouge fait remarquer que la destruction massive de la forêt, conséquence du développement de la culture de la canne à sucre, obéit (en en transposant les effets à une échelle bien plus importante) aux traditions ancestrales du pays, puisque les Indiens, suivis en cela par les Portugais, ont toujours systématiquement pratiqué le défrichage.

On croise aussi dans le Dictionnaire amoureux du Brésil les grands écrivains nationaux : l’auteur de romans épiques João Guimarães Rosa, le poète Carlos de Andrade, le romantique Joaquim Machado de Assis, Euclides da Cunha et son roman Os Sertões, qui raconte la révolte des habitants pauvres de la région des Canudos contre l’État – un récit dont Mario Vargas Llosa a donné une version moderne dans La Guerre de la fin du monde –, José Ferreira de Castro, dont Blaise Cendrars (personnage récurrent dans le Dictionnaire), a fait connaître le roman Forêt vierge, non pas exactement en traduisant l’ouvrage, comme il est dit un peu rapidement, mais en adaptant à sa manière une traduction ancienne, et naturellement Jorge Amado, que Gilles Lapouge a connu personnellement, dont il rappelle que c’est Albert Camus qui l’a signalé à l’attention des Européens dès 1939, et auquel il consacre un long et affectueux article.

L’aveuglement de Stefan Zweig

À plusieurs reprises, Lapouge fait référence au célèbre livre Brésil, terre d’avenir de Stefan Zweig, déplorant, comme la plupart des commentateurs, à quel point il donne du Brésil une image mensongèrement idyllique, contaminée par tous les clichés sur le pays qui circulaient déjà à l’époque. Convaincu d’avoir trouvé le paradis sur terre, aux antipodes d’une Europe défigurée par les horreurs de la montée du nazisme, Zweig, contre toute évidence, s’extasie sur l’absence de racisme dans les rues, et prend pour argent comptant les déclarations des intellectuels locaux au sujet de la foncière cordialité des Brésiliens, expression d’une vision enchantée théorisée par Sérgio Buarque de Holanda dans Les Racines du Brésil : l’historien y exalte en effet « l’affabilité, l’hospitalité et la générosité » des Brésiliens, qu’il présente comme des traits fondamentaux du caractère national, en affirmant voir dans l’usage pléthorique des diminutifs que fait la langue du pays une illustration de la gentillesse atavique de ses habitants. (Le Brésil, rappelle opportunément Gilles Lapouge, est un pays extrêmement violent : Rio, où l’on assassine plus d’une vingtaine de personnes quotidiennement, est l’une des villes les plus violentes du monde, comme l’est aussi São Paulo.) Cet aveuglement sera reproché à Stefan Zweig, qu’une partie de l’opinion brésilienne accusera d’avoir rédigé un ouvrage de propagande de commande, à la demande du régime dictatorial (le fameux Estado Novo) du président Getúlio Vargas. Allant plus loin sur ce point que les précédents biographes de Zweig (Donald Prater, Serge Niémetz, Dominique Bona, Alberto Dines et Olivier Matuschek), Dominique Frischer, dans son récent ouvrage Autopsie d’un suicide, qu’on lirait avec moins de malaise si ne s’y exprimait pas un manque absolu de sympathie envers l’écrivain autrichien, avance l’hypothèse que la mauvaise réception de Brésil, terre d’avenir et les polémiques qui ont accompagné la publication du livre, qui l’ont profondément affecté parce que c’était la première fois qu’il se trouvait confronté à une situation d’hostilité, venant se greffer sur un fond de dépression et son sentiment d’échec dans sa tentative de recommencer son existence, ont joué un rôle déclencheur dans sa décision de s’ôter la vie.

Le Dictionnaire amoureux du Brésil fait aussi une place généreuse aux grands intellectuels français qui se sont intéressés au pays et y ont séjourné, l’historien Fernand Braudel, le sociologue Roger Bastide et l’ethnologue Claude Lévi-Strauss, dont Lapouge nous offre un portait évocateur et fouillé. Si trois entrées sont respectivement consacrées à l’architecte et sculpteur baroque du Minas Gerais Antonio Francisco Lisboa, dit l’Aleijadinho (« le petit estropié ») en raison de son infirmité, à l’aquarelliste Jean-Baptiste Debret, fidèle témoin de la vie quotidienne au Brésil au début du XIXe siècle, et au photographe français contemporain Pierre Verger, grand connaisseur du candomblé de Bahia, la vie artistique n’est pas l’élément le plus représenté dans le livre. Gilles Lapouge évoque la musique et la chanson brésiliennes, la samba et la bossa nova, mais si les noms emblématiques d’Heitor Villa-Lobos, João Gilberto, Tom Jobim, Caetano Veloso, Vinícius de Moraes, Chico Buarque et Gilberto Gil sont cités, on cherchera en vain, par exemple, ceux d’Ellis Regina ou de Maria Bethânia. Les références au cinéma sont peu nombreuses : Orfeo negro de Marcel Camus, Les Enchaînés d’Alfred Hitchcock, dont l’action se déroule à Rio, et le film de Carlos Diegues sur la légendaire Chica da Silva, femme, esclave et Noire, qui « par le pouvoir mirobolant de la féminité se hisse au faîte de la société ». Mais rien sur le Cinema Novo de Glauber Rocha et les réalisations récentes les plus remarquées comme Pixote d’Héctor Babenco ou La Cité de Dieu de Fernando Mereilles.

Les eaux limoneuses de l’Amazone

Comme on pouvait s’y attendre, tout au long du Dictionnaire amoureux du Brésil, roulent les eaux limoneuses de l’Amazone. Mais si le fleuve apparaît à plusieurs reprises, l’intérêt de Gilles Lapouge tend à se concentrer sur les plantes et les animaux, et la question de la déforestation. Ceux qui souhaiteraient en apprendre un peu plus sur l’histoire de la route transamazonienne liront avec intérêt les pages que lui consacre Sébastien Lapaque dans son Court voyage équinoxial. Pour découvrir la dure réalité de l’existence des habitants de cette région, on se tournera vers le livre de l’écrivain-voyageur espagnol Javier Reverte El río de la desolacíon, ainsi intitulé parce que son auteur n’a vu dans le bassin amazonien que « des gens pauvres et misérables » et une terre « pleine de tristesse ».

S’il dit quelques mots du livre de Conan Doyle Le Monde perdu, Lapouge n’éclaire par ailleurs pas en détails certains épisodes qui ont contribué à nourrir la mythologie de l’Amazonie. Sur l’expédition de Francisco de Orellana, l’homme qui attribua son nom au fleuve, dont le récit est à l’origine de la légende de l’El Dorado, les exploits de Lope de Aguirre et du baron du caoutchouc Carlos Fermin Fitzcarrald (« Fitzcarraldo ») – leur histoire authentique, pas la version très spectaculaire mais déformée qu’en donnent Werner Herzog et son acteur fétiche Klaus Kinski dans les deux films correspondants –, on apprendra beaucoup dans Tree of Rivers, de John Hemming, couronnement de plusieurs dizaines d’années de recherches sur la région amazonienne, et le beau Amazonie mangeuse d’hommes de Ricardo Uztarroz. Dans ces deux livres apparaît aussi la figure de l’explorateur anglais Percy Fawcett, dont David Grann raconte la quête de la Cité perdue au fond de la jungle amazonienne dans The Lost City of Z, sur les traces duquel Henri Vernes lance son héros Bob Morane dans une de ses premières aventures, et dont Uztarroz rappelle qu’il a inspiré, outre le personnage de George Edward Challenger dans Le Monde perdu, ceux de l’excentrique Ridgewell dans l’album de Tintin L’Oreille cassée, d’Eliah Corbett dans une des histoires de Corto Maltese d’Hugo Pratt et (en combinaison avec quelques autres modèles), celui d’Indiana Jones dans les films de Steven Spielberg.

Par un choix délibéré sur lequel il s’est expliqué, considérant que ces sujets sont largement rebattus, Gilles Lapouge ne traite dans le Dictionnaire amoureux du Brésil, ni du football (Pelé, Ronaldo et les grand-messes du stade du Macaranã), ni (à l’exception de quelques paragraphes de l’entrée « Rio de Janeiro »), du carnaval et de la furie des concours de samba, ni du string « fil dentaire » et du culte du corps célébré avec l’assistance précieuse de la chirurgie esthétique sur les plages de Copacabana et d’Ipanema. On ne lui en fera pas trop grief.  On pourrait par contre regretter le peu de place accordé à la réalité sociale, politique et économique du Brésil d’aujourd’hui. Il est vrai que les sources d’information sur ces questions ne manquent pas. Ceux qui voudraient en savoir davantage sur la nature exacte et l’impact économique du « plan real » du président-sociologue Fernando Henrique Cardoso, les effets de la politique sociale pragmatique de son successeur Luiz Inácio da Silva, l’influence historique considérable qu’ont eue ces deux hommes d’État, le rôle joué par TV Globo dans la vie brésilienne, le développement de l’industrie aéronautique du pays, le caractère de puissance régionale ou mondiale du Brésil, liront avec bénéfice le livre de Peter Robb Death in Brazil, The New Brazil de Riordan Roett, ou, mieux encore, Le Brésil au XXIe siècle d’Alain Rouquié ou Brazil on the Rise de Larry Rother, ancien chef du bureau du New York Times à Rio de Janeiro.

Une éclatante langue littéraire

Tous ces ouvrages (à l’exception de celui de Peter Robb, plus élaboré de ce point de vue) sont écrits dans un style clair et efficace, mais fondamentalement journalistique ou universitaire. Tel n’est pas le cas du Dictionnaire amoureux du Brésil, qui est rédigé dans une éclatante langue littéraire, preuve que la beauté d’un livre ne doit strictement rien au procédé utilisé pour le fabriquer, puisque Gilles Lapouge a conservé de ses longues années de journalisme l’habitude d’écrire directement, autrefois à la machine, à présent à l’ordinateur. Pour donner des exemples d’entrées particulièrement remarquables de ce point de vue, on n’a que l’embarras du choix, il faudrait en vérité les citer presque toutes. Ce pourrait être celle consacrée aux favelas « [dans lesquelles on trouve] des dispensaires, des éventaires, des marchands de drogue, des banques […] des milliers d’orchestre, des caïds, […] des ONG, beaucoup de photographes, des vers rouges dans le ventre des enfants, des chaînes de poignet pleines de Christ, […] des manucures, des tonnes d’ennuis, des fragrances de vomissures, d’égouts et de cabinets, des poules qui attendent le couteau des dieux africains et, sur le sol, des paquets de fils électriques tellement embrouillés qu’on se demande comment ils savent vers quelle bicoque ils ont mission de transporter la lumière ». Ou le passage sur cet usage ancien qu’on appelle janelar (rester à la fenêtre et y guetter), « une activité banale et universelle […] que le Brésil colonial [pratiquait] avec persévérance, ardeur, protocole et subtilité, [dont] il fait une cérémonie et l’ossature de ses journées  [et] qui requiert finesse, patience, sens de la tragédie et de la dérision ». Ou encore la magnifique méditation sur la saudade « [qui] n’est pas le blues, ni le vague à l’âme, pas le mal de vivre ni la mélancolie, et moins encore la tristesse […] qu’on a […] comme le chagrin, la « grosse tête » ou « la pêche » [qui est] malicieuse, espiègle, surprenante et toujours fraîche  [contrairement] au spleen et à la nostalgie [qui] sont patauds, monotones et répétitifs, moches comme des culs-de-sac ». 

Des passages de cette qualité font de la lecture du Dictionnaire amoureux du Brésil un enchantement constant. Ils sont un ingrédient-clé du puissant charme de ce gros livre, presque trop court, malgré ses 650 pages, pour un sujet immense, mais assurément une brillante démonstration qu’il est possible de décrire avec à la fois bonheur et pertinence, sensibilité et précision, d’une manière simultanément savante et légère, érudite et personnelle, chaleureuse et critique, instructive et poétique, dans tous ses excès et sa singularité, sa réalité comme l’image qu’il se donne et voudrait donner de lui-même, un pays qui, à l’instar de la Russie (une des quelques autres régions du monde qui lui soient comparables de ce point de vue), n’a jamais arrêté de faire rêver et ne devrait pas de sitôt cesser d’exciter les imaginations.

Michel André

LE LIVRE
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Dictionnaire amoureux du Brésil, Plon

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