Le débat est clos

En 2020 disparaissait, après quarante ans, la revue Le Débat. En France, les lamentations ont déferlé tandis que les fondateurs, Marcel Gauchet et Pierre Nora, expliquaient pourquoi ce temple de la pensée libérale de gauche ne pouvait que fermer : effondrement du business model des revues généralistes ; indifférence des médias et des universités ; et surtout une société, assénait Nora, qui avait perdu « la curiosité à horizon encyclopédique » au profit de l’hyperspécialisation qu’encourage Internet et qui entretenait « avec les exigences de la haute culture un rapport de moins en moins familier ». Presque seul dans ce concert attristé, Mediapart osait évoquer la « fossilisation » de la revue et ses « angles morts ».

À l’étranger, cette fin a rencontré un silence radio. « La disparition du Débat n’a pas fait l’objet d’une seule mention dans une revue majeure aux États-Unis », écrit Christopher Cald­well dans un article publié en mars 2021 par The New York Times, qui est l’exception confirmant la règle. La gauche française, explique-t-il, n’est plus celle du Débat ; elle défend désormais les « politiques identitaires ou de justice sociale », voire la « dictature » des droits de l’homme et des civil rights.
Marcel Gauchet écrivait déjà, en 2007, que la souveraineté de l’individu était en passe de détrôner celle du peuple. Il s’était retrouvé taxé d’ultraconservatisme par ses pairs.

LE LIVRE
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Numéro 210 – Le débat de Gallimard, mai-août 2020

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