Le paradis perdu de Francis Scott Fitzgerald
La vie de Francis Scott Fitzgerald a déjà fait couler beaucoup d’encre, mais visiblement le célèbre romancier américain ne cesse d’intriguer, puisqu’une nouvelle biographie vient de lui être consacrée. L’originalité de Paradise Lost tient à l’angle avec lequel David Brown aborde son sujet : « je traite Fitzgerald comme un historien de la culture, annaliste autant que romancier », écrit-il. La perspective historique adoptée par le biographe n’a rien de surprenant, quand on sait que David Brown est lui-même professeur d’histoire au Elizabethtown College.
Contrairement à ses prédécesseurs, Brown ne dépeint pas Fitzgerald comme un dandy épicurien, l’incarnation glamour du rêve américain poursuivant frénétiquement les plaisirs de la fête et de l’alcool offerts par les années folles. Au contraire, il fait le portrait d’un homme nostalgique et désabusé, inquiet de la dérive morale du pays. Il avait hérité de son père, descendant d’une famille de la petite bourgeoisie du Sud, un point de vue très conservateur sur le mariage ou la sexualité.
Tout au long de l’ouvrage, Brown met en regard les écrits de Fitzgerald avec le contexte historique et social des Etats-Unis. Gatsby le Magnifique peut se lire comme la chronique de l’effervescence des années 1920 et My Lost City témoigne de la détresse entrainée par la Grande Dépression. « Plus que n’importe quel autre biographe avant lui, Brown révèle à quel point Fitzgerald comprenait la politique de son époque », estime Jay Parini dans la Literary Review.
A lire aussi dans Books :Face à la page blanche, novembre/décembre 2016.