Le tremblement de terre du 14 septembre 1866


Le département de l’Ardèche a été touché lundi 11 novembre par un séisme d’une magnitude de 5,4. Il s’agit de l’un des tremblements de terre les plus forts ressentis en France depuis 2003. Les 12 et 13 novembre, la terre a aussi tremblé dans les environs de Strasbourg.

Dans les deux cas, des scientifiques étudient la possibilité que ces séismes soient liés à des activités humaines. En septembre 1866, alors que la terre avait tremblé dans une grande partie de la France, les récits et explications avancées dans Le Petit Journal étaient bien plus poétiques. Face à un phénomène encore inexpliqué, un « savant » imaginatif accuse la lune et le soleil.

Nous recevons de nombreux détails sur ce phénomène. À Paris, les secousses ont été ressenties très irrégulièrement. Ainsi, pendant qu’à Batignolles beaucoup de personnes ont été réveillées en sursaut, nous n’avons pas entendu dire qu’on ait rien éprouvé sur les hauteurs de Montmartre ; mais de l’autre côté de la montagne, le tremblement de terre s’est fait sentir, ainsi que le constate la lettre suivante :

Monsieur le rédacteur,

Aux renseignements que vous donnez sur le tremblement de terre qui a été observé aujourd’hui 14 septembre, à cinq heures quinze minutes du matin, dans les communes de Sèvres et Saint-Cloud, je puis ajouter que moi et plusieurs personnes qui habitent l’hôtel de Touraine, 73, rue Taitbout, avons ressenti les mêmes secousses. Le ciel était très rouge à ce moment.

Decauchy, officier à la retraite.

Les secousses se sont fait sentir aussi sur la rive gauche de la Seine, et notamment au palais du Luxembourg et dans les rues environnantes. Le tremblement de terre parait avoir eu sa moindre intensité à Paris.

Dans les départements il n’a été signalé que dans l’ouest et dans le centre, depuis Rouen jusqu’à Périgueux, de l’Océan à la chaine des Cévennes.

Dans diverses localités, le phénomène a été pressenti par les animaux. Les oiseaux battaient de l’aile et poussaient des cris de frayeur ; les chiens aboyaient d’une façon inaccoutumée, et les chats miaulaient lamentablement.

Nulle part en France les secousses du tremblement de terre n’ont occasionné de grands malheurs : quelques meubles remués de place, quelques objets fragiles renversés, tels sont heureusement les seuls accidents signalés.

Un de nos abonnés, M. Milliait, menuisier à Sainte-Solange (Cher), nous écrit qu’une bouteille de vernis est tombée d’un rayon. À Blois, dans un magasin d’épicerie, des paquets superposés d’allumettes chimiques ont été jetés à terre et se sont enflammés. Un incendie s’est même déclaré, mais il a été promptement éteint. À Orléans et dans le département du Loiret, les secousses ont été assez violentes pour renverser la jeune Girault, laitière, et le sieur Perrin Labanoux, maraîcher. En plusieurs endroits, il y a eu des vitres brisées, des tuiles enlevées des toits et des meubles renversés. Mais c’est en Auvergne que le tremblement de terre a surtout été sensible. Une forte détonation y a accompagné les oscillations. On affirme même que les murs de la poudrière de Clermont-Ferrand se sont écroulés.

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Il est bien difficile de déterminer la cause de ce phénomène. Cependant, l’observation qui termine la lettre de M. Decauchy constate la simultanéité du tremblement de terre avec l’aurore boréale, et corrobore la théorie de M. Perrey, de Dijon.

Ce savant, qui s’est beaucoup occupé de la question, croit que les tremblements de terre sont produits par l’action concourante du soleil et de la lune, et c’est précisément ce qui est observé en ce moment de l’année.

Nous souhaitons que les légères secousses que nous avons éprouvées en France, soient isolées, et que nous n’ayons pas à enregistrer dans d’autres pays une de ces effroyables catastrophes telles que le tremblement de terre de Lisbonne, en 1755, et celui de Palerme, en 1783.

 

 

LE LIVRE
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Le Petit Journal de Moïse Millaud, 1863-1944

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