Le vrai problème : un enseignement sclérosé

La crise de l’éducation humaniste n’est pas le fruit du matérialisme supposé de l’époque, mais de la condescendance des enseignants, aveuglés par une conception aberrante de la littérature et le poids de leurs certitudes idéologiques. Le livre de Martha Nussbaum en est la parfaite illustration.

«Nous traversons une crise d’une ampleur phénoménale et d’une importance planétaire », affirme d’emblée Martha Nussbaum. Non, il ne s’agit pas d’un effondrement économique imminent ou d’une catastrophe écologique menaçante, mais d’une crise qui « passe largement inaperçue, comme un cancer, et pourrait bien, à long terme, s’avérer beaucoup plus grave pour l’avenir des démocraties ». Ce cataclysme qui préoccupe Nussbaum – je n’invente rien –, c’est la baisse du nombre d’étudiants dans les facultés de lettres. Elle est comme un cordonnier convaincu que la civilisation va s’écrouler parce que le prix du cuir augmente. Si on ne fait rien, dit-elle, c’en est fini de la démocratie, de l’honnêteté morale, et de la pensée critique – termes qu’elle s’abstient de définir et répète comme un mantra. Mais, pour résoudre une crise, il faut en avoir identifié la cause. Demandons-nous donc pourquoi les étudiants choisissent l’économie ou la chimie plutôt que les études littéraires. Sans surprise, la réponse de Nussbaum à cette question fait complète abstraction tant du contenu du ...
LE LIVRE
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Sans but lucratif. Pourquoi la démocratie ne peut se passer des humanités de Martha Nussbaum, Princeton University Press, 2010

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