L’envers de la révolution Lula
Publié dans le magazine Books n° 26, octobre 2011.
Quarante millions de personnes sorties de la pauvreté en moins d’une décennie, un salaire minimum en forte hausse, une inflation maîtrisée : les indicateurs du progrès économique et social sous les deux mandats de l’ancien président brésilien Luiz Inácio Lula da Silva (2003-2011) abondent. Et l’intellectuel Candido Mendes, compagnon des premières heures du Parti des travailleurs, ne les conteste pas. Mais, dans son dernier ouvrage, le sociologue octogénaire s’attaque aux échecs de la « révolution Lula ».
Quarante millions de personnes sorties de la pauvreté en moins d’une décennie, un salaire minimum en forte hausse, une inflation maîtrisée : les indicateurs du progrès économique et social sous les deux mandats de l’ancien président brésilien Luiz Inácio Lula da Silva (2003-2011) abondent. Et l’intellectuel Candido Mendes, compagnon des premières heures du Parti des travailleurs, ne les conteste pas. Mais, dans son dernier ouvrage, le sociologue octogénaire s’attaque aux échecs de la « révolution Lula ».
Outre la corruption et le clientélisme, que les gouvernements successifs n’ont selon lui pas cherché à combattre, Mendes s’alarme surtout de l’état de « sous-culture » où sont maintenus des segments entiers de la population. En cause : une conception tronquée du progrès et de la citoyenneté, où, comme l’explique Renato Lessa dans le quotidien O Globo, « l’inclusion sociale est essentiellement subordonnée à l’accès aux biens matériels », et très peu à l’accès aux biens culturels et à l’éducation. L’émancipation du « peuple de Lula » est donc encore loin d’être achevée, estime Mendes, pour qui « le développement correspond à la convergence des objectifs économiques, sociaux, et politiques d’une nation, laquelle ne peut aller sans une véritable maturation de la culture politique du peuple ».