L’envers du « modèle allemand »

En Allemagne, le destin professionnel des enfants est scellé dès l’âge de 10 ans. Résultat : dans aucun autre pays avancé les chances de réussite ne dépendent autant de l’origine sociale.

L’idée est aussi dérangeante que stimulante : dans deux ou trois décennies, il n’est pas impossible que nous regardions notre système scolaire actuel avec horreur et perplexité. Qu’on y réfléchisse un peu : des cours magistraux d’une durée fixe, le savoir découpé en matières imperméables les unes aux autres, des élèves regroupés selon leur année de naissance, des heures entières à rester immobile sur une chaise, des notes, des examens, des devoirs, le redoublement… Tout cela ne pourrait-il pas nous paraître, un jour pas si lointain, parfaitement ridicule et inadapté ? Le philosophe allemand Richard David Precht en est persuadé. En 2013, il a publié Anna, die Schule und der liebe Gott, charge violente contre le système éducatif allemand. À la fin de son introduction, il rappelle que bon nombre de pratiques qui nous semblent désormais inadmissibles – l’impossibilité pour les femmes de voter et d’ouvrir un compte bancaire sans l’autorisation de leur mari, par exemple, ou encore, pour revenir au domaine scolaire, les châtiments corporels – ont longtemps été jugées tout à fait naturelles. Nul doute, selon Precht, que les ...
LE LIVRE
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Anna, die Schule und der liebe Gott. Der Verrat des Bildungssystems an unseren Kindern de Richard David Precht, Goldmann, 2013

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