Les beaux jours de la lecture à voix haute
Beaucoup d’historiens soutiennent qu’une « révolution de la lecture » se produisit au cours du XVIIIème siècle. Plus de livres étaient en circulation et une plus grande part de la population savait lire, ce qui aurait entraîné un basculement de la lecture à voix haute en public vers une pratique privée de la lecture. C’est en contrepoint de cette thèse que s’inscrit The Social Life of Books, d’Abigail Williams.
Le but de cette professeure de littérature de l’université d’Oxford est de « découvrir comment on lisait, dans quelle pièce de la maison, avec qui, à voix haute ou silencieusement, pour se divertir ou s’instruire », analyse Kate Chrisholm dans The Spectator. Selon l’auteure, beaucoup de raisons expliquent la persistance de la lecture à voix haute dans l’Angleterre de l’époque géorgienne.
L’éclairage domestique était coûteux, alors « pourquoi se fatiguer les yeux avec une lumière insuffisante et de petits caractères quand une seule personne avec un livre bien éclairé pouvait faire le travail pour un grand nombre ? », souligne Williams. De plus, laisser les jeunes filles lire des romans toutes seules était considéré comme dangereux, elles risqueraient de s’imprégner de conceptions fantasques de l’amour. Enfin, être un bon orateur était très bien vu socialement, chacun était encouragé à développer son élocution et à participer à des clubs de lecture.
A lire aussi dans Books : Savoir jusqu’où lire, juin 2015.