Les Juifs au cœur de la Résistance française

En 1939, 90 000 des 150 000 Juifs vivant à Paris étaient des étrangers venus d’Europe de l’Est. Ils furent si nombreux à s’engager contre l’occupant qu’il serait peut-être plus exact de parler de résistance en France que de Résistance française.

 


©Rue des Archives

Résistants du groupe Manouchian, rattachés aux MOI-FTP, après leur arrestation en novembre 1943. Dirigée par l'Arménien Missak Manouchian (6e en partant de la droite), cette section rassemblait de nombreux Juifs polonais.

Comment gouverner un pays qui compte 240 sortes de fromages ?, demandait de Gaulle. On connaît moins la question qu’il posa en tant que dirigeant de la France Libre pendant la Seconde Guerre mondiale : comment peut-on libérer un pays qui compte presque autant de mouvements de résistance ? Bon, d’accord, il n’a pas vraiment posé cette question. Mais en lisant le livre de Robert Gildea Fighters in the Shadows, je me suis dit qu’elle avait dû au minimum traverser l’esprit du Général. La Résistance française, par sa nature même, fut un phénomène mouvant et d’une complexité impressionnante ; l’œuvre d’une stupéfiante palette de courants dont les membres venaient des milieux sociaux, idéologiques et religieux les plus divers. Avant 1940, nombre de ces groupes s’étaient opposés violemment les uns aux autres, persuadés que leurs adversaires constituaient pour la France une menace plus redoutable que l’Allemagne nazie. Après 1940, ces mêmes groupes furent condamnés à travailler ensemble… sauf quand ils s’y refusèrent. Certains cherchaient à débarrasser le pays du nazisme, alors que d’autres voyaient dans la libé...
LE LIVRE
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Combattants de l’ombre : une nouvelle histoire de la Résistance française de Robert Gildea, Belknap Press, 2015

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