Tout bien réfléchi
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L’esclavage en quatre questions

François Hollande a inauguré dimanche en Guadeloupe le Centre caribéen d’expressions et de mémoire de la traite et de l’esclavage. Dans Abolition. A History of Slavery and Antislavery, l’historien Seymour Drescher souligne certains faits méconnus concernant ce commerce infâme.

Qui étaient les premiers esclavagistes ? Les pionniers en matière de traite sont les musulmans. Entre 1440 et 1540, on comptait plus d’Européens esclaves en Afrique du Nord que d’Africains asservis en Europe, aux Antilles et aux Amériques réunies. A l’apogée de la traite transatlantique, vers 1850, l’Asie et l’Afrique comptaient encore trois fois plus d’esclaves que le continent américain.

Pourquoi avoir choisi les Africains comme esclaves ? Durement frappés par les maladies et les mauvais traitements, les Amérindiens étaient en passe de disparaître lorsque la Couronne espagnole décida de restreindre leur usage. On ne pouvait pas arracher les paysans aux champs européens. Utiliser des musulmans aurait conduit à des représailles. Et les Juifs furent écartés, par souci de conserver des colonies religieusement pures.

Qui initia le mouvement abolitionniste ? Les quakers et les puritains d’Amérique du Nord sont les premiers à s’être efficacement opposés à l’esclavage pour des raisons morales. Leur sanctuaire, la Pennsylvanie devient le premier Etat de la planète à décréter l’abolition, en 1780. Une décision qui ne découlait pas d’un pur altruisme : elle procédait aussi du désir des populations européennes de limiter l’afflux de Noirs aux Etats-Unis.

Quel pays européen eut le plus longtemps recours à l’esclavage ? L’Espagne a le triste honneur d’être la première et la dernière puissance européenne à avoir transporté des esclaves vers l’Amérique. Elle ne connaîtra aucun mouvement significatif en faveur de l’abolition avant la fin du XIXe siècle.

 

En savoir plus : De quoi est mort l’esclavage, Books, avril 2011.

LE LIVRE
LE LIVRE

Abolition. A History of Slavery and Antislavery de Seymour Drescher, Cambridge University Press, 2009

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