L’héroïsme usurpé des Tchèques

Avant Luther en Allemagne, il y eut Jan Hus en Bohême. Ce réformateur, qui prônait le retour aux Écritures, fut brûlé vif en 1415. Quatre ans plus tard, une révolution éclatait qui se soldait en 1433 par un accord des hussites modérés avec l’Église catholique. Le médiéviste tchèque Petr Cornej a longuement étudié cet épisode au cœur de l’imaginaire du pays.

Avant Luther en Allemagne, il y eut Jan Hus en Bohême. Ce réformateur, qui prônait le retour aux Écritures, fut brûlé vif en 1415. Quatre ans plus tard, une révolution éclatait qui se soldait en 1433 par un accord des hussites modérés avec l’Église catholique. Le médiéviste tchèque Petr Cornej a longuement étudié cet épisode au cœur de l’imaginaire du pays. « Le hussitisme est célébré comme la valeur constitutive de la grandeur de la nation tchèque », souligne l’historien. Le livre « Naissance d’un mythe », qui rassemble ses écrits sur le sujet, en relativise pourtant la portée réelle. Dès le XVIIe siècle, « les Tchèques ne sont plus ces hussites qui réclamaient, de façon souvent fanatique, des transformations dans l’Église et la société. Ils sont redevenus des catholiques disciplinés », rappelle le site de Radio Prague. La mémoire du soulèvement fut ensuite allègrement instrumentalisée : les Soviétiques n’hésitèrent pas à présenter les hussites comme les premiers marxistes ; et avant eux, le pouvoir autrichien s’en servit pour « ranimer l’âme guerrière des Tchèques, dont il avait besoin pendant les guerres napoléoniennes », note la revue Literární noviny.

LE LIVRE
LE LIVRE

Naissance d’un mythe, Paseka

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