Le long chemin de pénitence des entreprises allemandes
Ce n’est plus un secret pour personne: les grosses entreprises allemandes ont été plus que complices des crimes du IIIe Reich. Non seulement elles ont largement profité de la main d’œuvre gratuite et abondante constituée par les prisonniers des camps de concentration, mais elles ont encouragé de telles pratiques. Après la guerre, elles ont nié toute responsabilité et se sont présentées comme des victimes : elles n’auraient fait qu’obéir aux injonctions politiques et s’adapter à une situation de guerre. L’ouvrage de Sebastian Brünger retrace le long chemin jusqu’à la reconnaissance par certaines d’entre elles de leurs agissements pendant la Seconde Guerre mondiale. En fait, il a fallu quarante ans et le centenaire de Daimler-Benz en 1986 pour que le thème du travail forcé, après avoir été soigneusement enterré, ne revienne sur le devant de la scène. Non sans résistance : « En 1992 encore, Siemens refusa de verser des indemnisations sous prétexte que l’entreprise n’avait pas ‘employé volontairement’ des travailleurs forcés », rappelle Nils Klawitter dans Der Spiegel.