Louis Sass : « La schizophrénie n’est pas une régression »

Bien qu’il soit convaincu de la réalité de ses hallucinations, le schizophrène est capable d’ironie et semble souvent conscient que son délire est purement subjectif. Peintres et écrivains ont beaucoup à nous apprendre sur cette maladie.

  Louis A. Sass est professeur de psychologie clinique à l’université Rutgers, aux États-Unis, où il est aussi chercheur au Centre de sciences cognitives et professeur de littérature comparée. Il travaille sur la schizophrénie depuis sa thèse de doctorat, à l’université de Berkeley, en Californie.   En quoi consiste la schizophrénie ? Elle fait l’objet d’interprétations diverses selon les écoles. À mes yeux, elle se caractérise avant tout par une modification de la perception de soi dans sa forme la plus élémentaire – ce que l’on pourrait appeler la perception minimale de soi, le sens de la subjectivité. Le schizophrène en vient par moments à douter de sa propre existence comme sujet pensant, comme s’il mettait en doute le cogito de Descartes (« je pense »). Cette perturbation s’accompagne de ce que j’appelle une « hyperréflexivité », c’est-à-dire une propension à focaliser son attention sur des phénomènes d’habitude inconscients, automatiques, comme les sensations corporelles, la perception des mouvements. L’attention portée à la « voix intérieure », qui est le médium normal de la pensée, relève ...
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