Marie-Madeleine confondue
Publié le 30 mars 2018. Par La rédaction de Books.
Marie Madeleine /© Universal Pictures France
Dans son Marie-Madeleine, sur les écrans cette semaine, le réalisateur Garth Davis, tente de concilier les évangiles et sa thèse : le christianisme primitif était une affaire de femmes qui fut confisquée par des hommes.
L’écrivain Michael Haag, dans The Quest for Mary Magdalene: History and Legend réfute l’idée d’une Eglise primitive misogyne. Selon lui, ce n’est pas le genre du messager qui est en cause, mais sa nature. La figure de Marie-Madeleine présente ainsi un positionnement particulier dans le débat sur l’appréhension du divin. Pour l’Eglise, il est établi que le message de Dieu peut être uniquement porté par son organisation hiérarchique et ses rituels. Mais « tout à propos de Marie-Madeleine suggère une expérience plus immédiate et personnelle du divin », écrit Haag. Selon lui, pour se préserver l’Eglise a détruit la réputation de Marie-Madeleine, la représentant sous les traits d’une prostituée.
Or dans les Evangiles (sauf celui de Pierre qui l’ignore totalement), non seulement elle est un personnage important, mentionné plus que tout autre disciple, mais elle est une femme riche et indépendante qui soutient Jésus pendant trois ans. Rien ne suggère qu’elle soit une prostituée. C’est un enseignement du pape Grégoire en 591 qui l’induit. Il confond Marie-Madeleine, qui selon les quatre évangiles est présente lors de la crucifixion, et la femme pécheresse qui lave les pieds de Jésus. Cette première confusion en amène d’autres, d’autant plus faciles tant il y a de Marie dans les écritures. Et comme le souligne Haag le nouveau personnage de Marie-Madeleine forgé au Moyen-âge est resté très apprécié des artistes. « Les tableaux de Marie-Madeleine dénudée étaient très populaires au XVIe siècle, écrit-il notamment. Ils permettaient aux artistes et à leurs commanditaires d’allier érotisme et religion sans risquer un scandale. »
A lire dans Books : Putain d’héroïnes, juin 2012.