Moi, Elyn Saks, schizophrène

« Je voyais ma cervelle gicler dans toute la pièce en éclaboussant les murs. » Plus ou moins sortie d’affaire mais toujours sous antipsychotiques et en analyse, Elyn Saks poursuit aujourd’hui une belle carrière universitaire. Elle raconte son expérience en témoin et en observateur distancié.


Separation ii, Edvard Munch
Certains jours, pendant le premier trimestre à la faculté de droit de Yale, « j’avais peur que mon cerveau ne chauffe de plus en plus fort et finisse par exploser, écrit Elyn Saks. Je voyais ma cervelle gicler dans toute la pièce en éclaboussant les murs. Chaque fois que je m’installais à un bureau et tentais de lire, je me surprenais à prendre ma tête entre mes mains pour tout maintenir à l’intérieur ». Son principal souci, au cas où cela se produirait, c’était le risque de blesser quelqu’un. « Le problème du témoin innocent », note-t-elle en italique. La crainte n’a pas disparu. Au bout de quelques semaines, après avoir déliré sur le toit de la faculté de droit – croyant à la fois qu’on cherche à la tuer, et qu’elle-même a tué d’autres personnes (« N’essaie pas de jouer pas au malin avec moi, Richard, dit-elle à un ami, j’en ai tué de plus forts que toi ») –, on l’emmène à l’hôpital de Yale-New Haven où elle rend les armes, le fil téléphonique dont elle s’est fait une ceinture et un clou du toit, aprè...
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Le centre ne tient plus. Mon voyage dans la folie de Moi, Elyn Saks, schizophrène, Hyperion

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