Nos enfants n’ont pas connu le réchauffement climatique

Cela fait maintenant dix-neuf ans que la température du globe est stable. Telle est la conclusion de Ross McKitrick (université de Guelph, Canada), qui publie dans l’Open Journal of Statistics une nouvelle étude sur les données globales de température. Les émissions de gaz à effet de serre, qui progressent, elles, à un rythme toujours aussi soutenu, laissent décidément notre planète de marbre. À ceux qui annonçaient que bientôt nos enfants ne sauraient plus ce que c’est que de voir la neige tomber, notre bonne vieille planète oppose une tranquille indifférence. Ces dix-neuf ans de stabilité font que plus aucun de nos enfants n’a désormais connu le « réchauffement global » dont ils ont pourtant tant entendu parler à l’école et à la télévision. Nous sommes entrés dans l’ère du Plateau des températures, que les carbocentristes, éternellement certains que le retour de la hausse est pour demain, appellent la « Pause ». Aux États-Unis, le Wall Street Journal a ouvert ses colonnes à Matt Ridley, qui dresse un bilan impitoyable des prévisions alarmistes du GIEC. En Australie, où l’un des principaux enjeux des élections générales de l’an passé a été la taxe carbone, les électeurs ont tranché : le nouveau gouvernement ne veut plus entendre parler de climat. Les Australiens suivent ainsi la voie ouverte par le Canada qui, fin 2011, s’est officiellement retiré du protocole de Kyoto. Pour des raisons diverses, la plupart des grands pays appuient désormais sur la pédale de frein dans leurs politiques climatiques. Et pendant ce temps-là, en France, nous produisons un nouveau rapport. Celui-ci nous promet une fois encore le pire : jusqu’à +5,3 C° dans l’Hexagone d’ici la fin du siècle, sans oublier le cortège habituel de catastrophes collatérales. Les journaux comme Le Monde ou Libération en ont aussitôt informé leurs lecteurs, y adjoignant bien sûr les ornements iconiques traditionnels du genre : une cheminée d’usine chez Libération, des enfants allongés sur l’eau chez Le Monde. En revanche, ces journaux ne se sont pas donnés la peine de porter à l’attention de leurs lecteurs l’existence d’un autre rapport, norvégien cette fois, qui conclut à la quasi-impossibilité d’obtenir un accord international sur une limitation des émissions de gaz à effet de serre lors de la conférence de Paris de 2015. Parmi les motifs : il faudrait impliquer les parties les plus émettrices de gaz à effet de serre (Chine et États-Unis notamment), les faire s’engager sur des réductions drastiques, et enfin être en mesure de vérifier qu’elles honorent effectivement ces engagements. Rien de tout cela n’est acquis, on en est même très loin. Il est donc à prévoir que, après Copenhague en 2009, Paris sera en 2015 un nouveau coup d’épée dans l’eau pour les promoteur de politiques climatiques. En attendant, comme le chantait Joe Dassin, nous pouvons continuer à boire À la santé de cette vieille Terre qui s’en fout. Benoît Rittaud

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