Nos sociétés sont malades de la peur

Nous ne sommes plus que des Homo economicus, asservis à la vacuité consumériste. Privés des idéaux des sociétés anciennes, nous sommes victimes de démagogues dont le fonds de commerce est d’entretenir des peurs irraisonnées et une obsession sécuritaire. Comment lutter contre la téléologie du désastre ?


Selon Frank Furedi, notre monde est dominé par une peur omniprésente, entretenue par la menace apocalyptique du changement climatique. Ci-dessus, le film Mad Max: Fury Road (Australie, 2015).

«Nous considérons notre époque comme une période troublée, un âge de l’anxiété. Les fondements de notre civilisation et de nos certitudes s’écroulent sous nos pieds. Les idées et les institutions qui nous étaient familières s’évanouissent sous nos yeux comme des ombres dans le crépuscule vacillant. » Ce constat fait en 1949 par l’historien américain Arthur Schlesinger Jr. lui avait été inspiré par un long poème de W. H. Auden, « L’Âge de l’anxiété » (1947). Schlesinger Jr. écrivait ces mots au cours d’une période tendue, où l’on entrevoyait la possibilité d’une apocalypse nucléaire et où le désenchantement face à l’histoire récente disqualifiait tout optimisme politique. Ils n’ont rien perdu de leur actualité1.

Depuis la crise financière de 2008, il règne en Europe et aux États-Unis un « sentiment de fin », pour reprendre l’expression du critique littéraire britannique Frank Kermode. Les doctrines progressistes ont été radicalement remises en question. Les mouvements populistes se sont dressés contre l’ordre politique et é...

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Comment la peur fonctionne. La culture de la peur au XXIe siècle  de Frank Furedi, Bloomsbury Continuum, 2018

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