Contre l’indifférence

Six milliardaires américains décident de l’essentiel de ce que le monde voit, de ce qu’il lit et de ce dont il s’informe. Sans le moindre contrôle ou presque.

Je suis né au début des années 1960. Pendant mon enfance, mon père ne disait rien de son passé de résistant. Pour ne les avoir jamais connus, nous savions ma sœur et moi que nos grands-parents avaient péri pendant la guerre, et quand nous cherchions à savoir dans quelles circonstances, notre père changeait de sujet de conversation. J’ai appris sur les bancs du lycée les horreurs des camps de concentration nazis. Je n’ai jamais connu mes grands-parents paternels, car ils sont morts à Auschwitz.

Je me souviens de m’être interrogé très jeune sur ce qui avait pu conduire le peuple de Goethe à adhérer à l’idéologie nazie et d’avoir souvent questionné mes professeurs sur les raisons qui avaient plongé le monde dans une telle indifférence. « Ce n’était pas de l’indifférence, on ne savait pas », me répondait-on. Comme un baume appliqué sur les terribles blessures du passé, une promesse nous avait été faite : « Plus jamais ça ». Soixante-seize ans après la fin de la ­Seconde Guerre mondiale, le monde est ...

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