Publié dans le magazine Books n° 35, septembre 2012. Par Alessandro Barbero.
Le 7 octobre 1571, les galères de la Sainte Ligue affrontent celles du sultan ottoman au large des côtes grecques. En faisant le récit de la bataille de Lépante, et du long ballet diplomatique qui l’a précédée, Barbero ressuscite tout un monde.
Quand il arrive à Constantinople en octobre 1568 pour occuper la charge de bailo de la Sérénissime, Marcantonio Barbaro sait que sa mission ne sera pas des plus faciles. Jadis, le bailo n’était qu’un simple consul, chargé de défendre les intérêts des marchands vénitiens qui commerçaient sur les places du Levant : ce qui était déjà une lourde tâche, puisque le volume des échanges était très important et les capitaux investis considérables. Mais depuis bien longtemps déjà, le bailo était également devenu un ambassadeur chargé de représenter le gouvernement vénitien auprès des ministres du sultan, d’en gagner les faveurs et de faire en sorte que la paix soit maintenue, dans la mesure où une guerre contre l’Empire ottoman était considérée par Venise comme une éventualité catastrophique. Par conséquent, Marcantonio avait la charge de rassembler des informations sur les éventuels préparatifs de guerre du sultan et d’en tenir informée la Seigneurie. La primeur des informations était essentielle, compte tenu de la lenteur des communications : Barbaro avait voyagé plus d’un mois et demi pour atteindre Constantinople, et il savait ...