Le premier livre sur le scandale des pesticides
Publié le 8 février 2019. Par La rédaction de Books.
Mercredi 6 février, la cour d’appel de Lyon accueillait le quatrième procès engagé par l’agriculteur Paul François contre Monsanto. Le céréalier veut faire reconnaître la responsabilité du géant de l’agrochimie et de son herbicide, le Lasso, dans la survenue des troubles neurologiques dont il est atteint. Aujourd’hui, les biocides de synthèse se retrouvent fréquemment sur le banc des accusés mais, pendant la première moitié du XXe siècle, ces produits chimiques étaient synonymes de progrès. Aux États-Unis, un livre, Printemps silencieux, a contribué à retourner l’opinion publique contre eux.
Le livre, paru en 1962 et traduit en français dès 1963, s’est vendu à plus de 2 millions d’exemplaires dans le monde. Son auteure, la biologiste américaine Rachel Carson, y dénonce la menace que font peser sur la nature les pesticides de synthèse, et notamment le DDT. Ces produits, explique-t-elle, ne se contentent pas de tuer les insectes. Ils remontent la chaîne alimentaire, touchant les oiseaux et les poissons, mais aussi les humains. Carson exposait dans son livre des données scientifiques qui étaient, à l’époque, bien connues des spécialistes. Elle a cependant été la première à les rassembler dans un ouvrage destiné au grand public.
En 1962, Carson est une naturaliste respectée, auteure de deux best-sellers dans son domaine de spécialité la vie marine. Pour Printemps silencieux, elle mène de longues recherches, mais c’est la portée morale de son propos qui séduit, soulignait la journaliste Eliza Griswold dans The New York Times, à l’occasion du cinquantième anniversaire de la publication de l’ouvrage en 2012. Le livre est comparé à La Case de l’oncle Tom, qui en portant la question de l’esclavage sur le terrain du bien et du mal a contribué à l’évolution des mentalités au milieu du XIXe siècle.
Si les questions environnementales ont pris de l’ampleur depuis la publication de Printemps silencieux, note Griswold, aucun autre livre n’a eu autant d’impact. Dans son sillage, le mouvement écologiste s’est mis en branle (ainsi que les représentants de l’industrie chimique) et les États-Unis ont interdit le DDT en 1972. Rachel Carson est décédée des suites d’un cancer en 1964.
À lire aussi dans Books : La grande illusion du bio, janvier 2013.