Premier mazoutage


L’ONU a manifesté mardi 29 octobre sa « profonde inquiétude » face à la marée noire qui a souillé 2 500 kilomètres de côtes au Brésil depuis le mois d’août. Non seulement les autorités brésiliennes ne semblent pas prendre la mesure de la catastrophe, mais son origine reste mystérieuse.

Il y a près d’un siècle, on ignorait les effets d’un tel déversement de pétrole en mer. En France, on trouve l’une des premières mentions d’une pollution des eaux au mazout dans Le Phare de la Loire le 6 mai 1923. Le quotidien précise que « ce mal nouveau » ne semble pas avoir encore touché les plages hexagonales.

Plusieurs observateurs des plus compétents ont attiré l’attention des pouvoirs publics anglais sur les dommages croissants causés par l’huile que jettent à la mer les bateaux qui emploient les méthodes modernes de chauffage au mazout ou utilisent des huiles épaisses de surchauffe.

Des plages anglaises voient leur sable à ce point souillé, que les baigneurs et les promeneurs ont le corps et les vêtements maculés de larges taches noires et grasses : les coins les plus charmants seraient menacés d’abandon et des stations balnéaires pourraient connaître la ruine si des mesures énergiques n’étaient pas prises pour remédier à ce mal nouveau.

Il proviendrait, principalement, des résidus et restes d’huile que jettent par-dessus bord les navires rentrés au port pour nettoyage et réapprovisionnement. Aussi le gouvernement anglais serait-il décidé à forcer les compagnies de navigation à construire dans leurs ports d’attache des sortes de citernes spéciales, où elles devraient emmagasiner ces huiles, et le mal paraît assez grand pour que la réunion d’une conférence internationale ait été envisagée.

Jusqu’à présent, en France, on ne paraît pas avoir signalé la pollution du sable de nos plages, mais, à plusieurs reprises, nous avons parlé d’oiseaux de mer trouvés morts sur nos côtes, très manifestement par l’huile qui enduisait leur plumage et paralysait leur vol. En Angleterre, les pertes d’oiseaux de mer du fait de l’huile, seraient considérables, on ramasse les victimes par centaines et les colonies de nidification les plus connues se dépeuplent.

La pellicule d’huile nuirait aussi à la pêche en détruisant les organismes de surfaces : œufs, larves, petits crustacés, et ici encore, les protecteurs des oiseaux élèvent la voix pour le bien-être général.

 

 

LE LIVRE
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Le phare de la Loire de Charles-Victor Mangin, 1851-1944

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