Quand l’Europe était gouvernée par des femmes
Publié le 24 avril 2020. Par Amandine Meunier.
Angela Merkel en Allemagne et Sanna Marin en Finlande s’attirent les louanges de la presse internationale pour leur gestion de la crise sanitaire. Dans l’Union européenne, seules quatre femmes sont aux commandes d’un gouvernement. Depuis sa création, les femmes n’ont jamais véritablement présidé les destinées de l’UE. Mais il y a bien eu une « grande époque » des règnes féminins en Europe, à savoir entre 1300 et 1800, assure l’historien américain William Monter dans The Rise of Female Kings in Europe. Durant ces cinq siècles, il identifie pas moins de trente femmes à la tête de royaumes européens. Quatre d’entre elles ont même gouverné des États majeurs sur de longues périodes, leurs règnes dépassant les trente ans : Isabelle la Catholique en Castille (1474-1504), Elizabeth I en Angleterre (1558-1603), Marie-Thérèse d’Autriche en Hongrie (1741-1780) et en Bohème (1743-1780) et Catherine II en Russie (1762-1796). Quatre autres ont régné au moins vingt ans, et cinq de plus au moins dix ans.
Ces femmes ont souvent accédé au trône dans des circonstances particulières : absence d’héritiers mâles légitimes, mort prématurée d’un père, d’un époux, d’un fils… Mais malgré cela, elles étaient pleinement reconnues comme souveraines et légitimes, souligne Monter. Comme les rois, elles ne se référaient qu’à une seule autorité, celle de Dieu, et ont régné par sa grâce.
Des rois au féminin
Elles n’ont pas dirigé leur pays différemment d’un homme, patronnant les artistes, levant les impôts et déclarant des guerres. Et si elles n’ont pas mené personnellement les troupes sur le champ de bataille (maternité oblige, le plus souvent), elles ont pris soin de se faire représenter en cheffe des armées, comme Marie-Thérèse d’Autriche sur son cheval ou Jeanne I de Naples avec son armure. Sans singer leurs homologues masculins, elles étaient considérées comme des « hommes honoraires ». Au XVIIe et XVIIIe siècles, les héritières hongroises ont été d’ailleurs proclamées « roi » lors de leur couronnement. Ont-elles gouverné mieux que les hommes ? Difficile à dire.
Du fait notamment des pressions dynastiques, le nombre de femme sur les trônes européens diminue au cours des XIXe et XXe siècles, avec quelques exceptions notables comme Victoria d’Angleterre ou Whilelmine des Pays-Bas.
À lire aussi dans Books : Le déclin des mâles ? Vraiment ?, avril 2013