Sur les traces de Salomon
Publié en août 2020. Par Amandine Meunier.
Le terme Harmaguédon (Armageddon, en anglais) est une déformation de l’hébreu Har Megiddo, « la montagne de Megiddo ». Dans le livre de l’Apocalypse, Harmaguédon est le lieu de l’ultime bataille entre les forces du bien et du mal. Voilà qui explique l’utilisation de ce mot pour parler de la fin du monde et l’afflux de touristes sur le site archéologique de Megiddo, situé à 90 kilomètres au nord de Jérusalem.
Cette colline que les spécialistes fouillent depuis le début du XXe siècle est le résultat de l’empilement d’une vingtaine de cités d’époques différentes. La strate XX juste au-dessus de la roche, la plus ancienne, garde les traces d’un campement du néolithique. La strate I, qui offre une vue splendide sur la vallée de Jezréel, date des Perses. Entre les deux, on trouve les traces de peuplements cananéens, israélites, assyriens, babyloniens…
De l'Apocalypse au roi Salomon
Fin connaisseur du site, l’archéologue et anthropologue américain Eric H. Cline s’intéresse dans Digging up Armageddon à ceux qui l’ont fouillé. Il mêle « l’analyse détaillée des strates et des objets à l’excavation héroïque d’informations biographiques, d’anecdotes personnelles et de guerres intestines depuis la première campagne de fouilles de 1903-1905 », observe le journaliste scientifique Andrew Robinson dans la revue Nature.
Cline s’intéresse particulièrement aux années 1925-1939, période durant laquelle le chantier fut placé sous la responsabilité de l’Institut oriental de l’université de Chicago. Son directeur, l'égyptologue James Henry Breasted, et son mécène, le magnat John D. Rockefeller, étaient fascinés par les références bibliques qui lient le site au roi Salomon.
Mystères de l'archéologie biblique
En 1928, leur équipe croit avoir trouvé les écuries du roi mythique décrites dans les textes. « Mais, comme souvent en archéologie, le débat n’est pas clos. La configuration des lieux évoque une écurie, mais on n’a déterré aucun os de cheval ; et si des restes de céréales y ont été mis au jour, aucune analyse n’a été publiée. Sans compter qu’aucune inscription relevée à Megiddo ne mentionne Salomon », précise Robinson. « Au moins quatre strates différentes de Meggido ont été surnommées "cité de Salomon". Les écuries de Salomon sont devenues celles d’Achab, et, selon Cline, pourraient être désormais attribuées à Jéroboam II », ajoute l’historien Dominic Green dans l’hebdomadaire britannique The Spectator.
Mais sans verser dans l’archéologie biblique, bien d’autres mystères intriguent les chercheurs à Meggido. Quelle catastrophe explique les squelettes écrasés et les pierres noircies retrouvés dans une des strates les plus anciennes ? Pourquoi le site a-t-il été abandonné en 300 avant notre ère ? Au moins un chercheur émet l’hypothèse qu’Alexandre le Grand a pu détruire la ville. « Mais on n’a aucune preuve d’une fin aussi cinématographique », écrit Cline.
À lire aussi dans Books : Apocalypse, mode d’emploi, juin 2012.