Traduction manquante – La critique de l’art et l’art de la critique
Publié dans le magazine Books n° 44, juin 2013. Par Michel André.
À l’exception de quelques textes, dont le récit autobiographique d’une aventure sentimentale malheureuse, les œuvres de William Hazlitt, l’un des plus grands essayistes et critiques de la langue anglaise, n’ont jamais été traduites en français. Contemporain et ami des poètes romantiques Coleridge et Wordsworth, admirateur du style du penseur conservateur Edmund Burke, mais hostile à ses idées, parce qu’il était lui-même libéral, radical et progressiste, Hazlitt, mort à 52 ans, a rédigé des centaines d’essais courts sur la littérature, l’art, la politique, la vie sociale et celle des sentiments. Beaucoup sont des chefs-d’œuvre devenus des textes d’anthologie.
Plusieurs recueils de ces essais ont paru de son vivant, et on a en a publié quelques sélections à titre posthume. La plus copieuse (830 pages) a été réalisée par Geoffrey Keynes, frère de l’économiste John Maynard Keynes. Elle comprend la plupart des textes les plus fameux de Hazlitt et permet de se faire une excellente idée des multiples facettes de son talent de critique, portraitiste, polémiste et journaliste. William Hazlitt est le maître absolu de l’essai familier, rédigé sur un ton personnel et dans ce style de conversation et cette langue simple qu’il est en réalité très difficile de maîtriser, dont un autre praticien éblouissant fut, au XXe siècle, George Orwell.