Une idée pas très catholique

Voilà l’Assemblée générale des Nations unies à nouveau saisie de la proposition de créer un État palestinien. Pour quoi faire ? Comme le rappelait en juillet dernier l’intellectuel palestinien Sari Nusseibeh dans les colonnes du Monde, l’Assemblée générale a déjà voté en ce sens… en 1947. C’est du théâtre. Sur le terrain, fort de la chaleureuse approbation du Congrès américain et de la parfaite indifférence des électeurs israéliens, le gouvernement de Tel-Aviv est plus que jamais hostile à une réelle négociation. Au contraire, il ne veut plus entendre parler des frontières de 1967, qui constituaient encore récemment la base d’un accord possible. Quatre cent mille colons se sont installés en Cisjordanie depuis 1995, un mur infranchissable a été érigé et les territoires habités par les Palestiniens font de plus en plus figure de bantoustans. Du côté palestinien, l’unité retrouvée entre les fondamentalistes du Hamas et le Fatah repose sur un accord de façade, prêt à voler en éclats à la première occasion. L’impasse semble totale et durablement installée. Peut-on encore imaginer faire bouger les esprits ? Bien sûr. Le temps et les hommes passent, le contexte évolue. Un moyen, peut-être, est la valorisation de l’action non-violente, dans le sillage de Gandhi. Certains y croient, ou du moins tiennent ce cap, dans l’espoir d’ébranler l’assise du manichéisme ambiant. C’est le cas de Sari Nusseibeh. Ce spécialiste d’Avicenne, ancien acteur de la première Intifada, ajoute une provocation de son cru. Puisque les chances de création d’un État palestinien sont à peu près nulles, explique-t-il, pourquoi ne pas envisager d’y renoncer purement et simplement ? Pourquoi ne pas proposer d’intégrer les Palestiniens à Israël ? Son idée la plus dérangeante est celle-ci : en échange du droit à une vie décente, le renoncement au droit de vote. Au point où nous en sommes…

 

   

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