L’amitié oubliée de l’Amérique et de la Russie
Publié le 3 novembre 2017. Par La rédaction de Books.
Marins américains et soviétiques, 14 août 1945 / US Navy
L’enquête sur l’ingérence russe dans la campagne présidentielle s’est cette semaine rapprochée de Trump avec l’inculpation de membres de son équipe. Si aujourd’hui et depuis bien des décennies, les Américains se méfient des Russes et réciproquement, la relation entre leurs deux pays n’a pas toujours été empreinte de défiance et d’animosité. Au contraire, ils ont été pendant plus d’un siècle, des « amis proches évoluant dans des sphères séparées » rappelle l’historien Norman Saul, dans Distant Friends, premier ouvrage d’une série explorant cette relation depuis le XVIIIe siècle.
De la naissance des Etats-Unis à la Révolution russe en 1917, il n’y avait que soutien mutuel et respect entre les deux nations. Lors de la guerre d’Indépendance, l’impératrice Catherine II refuse à de multiples reprises de prêter main forte aux Anglais. Quand quelques années plus tard, Washington est aux prises avec des pirates de Méditerranée prenant en otage des navires et équipages américains, il fait appel à la Russie. Celle-ci fait pression sur le sultan de l’Empire ottoman et les Américains sont libérés. En 1791, Jefferson écrit « La Russie est plus amicale avec nous qu’aucune autre nation ». Alexandre Ier, lui, décrit la constitution américaine comme garantissant « le bonheur de chacun et de tous ». En 1809, il reconnaît officiellement la république américaine.
Les deux nations sont liées par un sentiment « d’intérêt réciproque et de destinée commune », souligne Saul. Elles partagent leur anglophobie, des questionnements similaires face au servage en Russie et à l’esclavage en Amérique. Elles sont aussi des partenaires commerciaux d’importance jusqu’à la vente de l’Alaska aux Etats-Unis. Après la chute de la Russie impériale, l’intérêt réciproque persiste, mais d’une manière différente. Saul note d’ailleurs que la curiosité américaine pour la Russie culmine dans les années 1930 avec la professionnalisation des études slaves et l’arrivée d’un nombre grandissant de journalistes américains à Moscou.
A lire dans Books : Qui a peur du grand méchant russe ?, novembre/décembre 2017.