Proust, confiné volontaire
Publié dans le magazine Books n° 118, mars-avril. Par Baptiste Touverey.
À l’heure des confinements à répétition, Proust, ce grand mondain devenu un grand reclus, a connu un regain d’intérêt à travers le monde. Mais sa promesse d’un « temps retrouvé », récompense de l’ascèse littéraire, est-elle davantage qu’une illusion ?

La pandémie de Covid-19 a-t-elle remis Proust à la mode ? Pas vraiment, puisqu’il n’avait jamais cessé de l’être. Pour quiconque se plonge de temps à autre dans la presse internationale, le phénomène, troublant au départ, devient vite d’une anodine banalité : pas un mois ou presque sans que Proust ne fasse sinon les gros titres, du moins l’objet d’un long article dans lequel une célébrité ou un inconnu raconte son rapport à la Recherche, combien de fois il l’a lue, si cela a été une épiphanie ou, au contraire, un pensum, les grandes leçons qu’il en a tirées, etc. Cela fait très longtemps déjà (presque depuis sa mort, si l’on y réfléchit, il y a près d’un siècle) que Proust est une sorte d’incontournable de l’intelligentsia mondiale, de pierre de touche à l’aune de laquelle chacun se doit d’évaluer sa propre conception de l’art, de la littérature et de la vie.
Et néanmoins les confinements qui se sont succédé depuis deux ans semblent bien...