Une mousse, sinon rien !

Les Romains amateurs de vin jugeaient barbare la bière, dont se régalait pourtant déjà l’Égypte des pharaons. Mais, à raison de 153 milliards de litres consommés par an, blonde ou ambrée, elle règne aujourd’hui sur le monde. De Pékin à Salt Lake City. Pour en arriver là, il a fallu l’aiguillon de la rivalité franco-britannique, la découverte des vertus du houblon, et la mort de Mao…


Pour qui veut se faire une idée des bouleversements qu’a connus l’économie mondiale ces vingt dernières années, il y a plus inutile que de se pencher sur le cas de la bière. Les Chinois, par exemple, n’en buvaient quasiment pas jusqu’en 1980 : 200 millions de litres par an, contre 24 milliards aux États-Unis. Mais, depuis 2003, la Chine est devenue le premier marché mondial, devant l’Amérique ; elle absorbe aujourd’hui un cinquième de la production mondiale. Pendant ce temps, les vieux buveurs de bière d’Europe faiblissent. L’Allemagne est dépassée par la Russie et le Brésil. Au Royaume-Uni, le breuvage ne représentait plus en 2005 que 45 % des ventes d’alcool, contre 81 % en 1965. Seuls les Tchèques et les Irlandais entretiennent la vieille tradition celtique, engloutissant chaque année plus de 160 litres par habitant – bien plus qu’aucun autre pays. Le cas de la Chine est sans équivalent. « Aucune grande industrie de la bière dans l’histoire du monde n’a changé aussi radicalement en l’espace d’une seule décennie (de 1998 à 2007) », affirment Junfei Bai, Jikun Huang, Scott Rozelle et Matt Boswell dans un texte novateur de <...
LE LIVRE
LE LIVRE

L’économie de la bière de Johan F.M. Swinnen, Oxford University Press, 2011

SUR LE MÊME THÈME

Economie L’Everest, mortelle industrie
Economie L’horreur de la dette
Economie Les éditeurs indépendants ont-ils un avenir ?

Aussi dans
ce numéro de Books