« Neuromanie » contre « neurophobie »
Publié dans le magazine Books n° 47, octobre 2013.
Un philosophe anglais tire à boulets rouges sur la prétention du neurophysiologiste Jean-Pierre Changeux à rendre compte scientifiquement « du vrai, du beau et du bien ».
L’avant-dernier livre de Jean-Pierre Changeux a franchi la Manche et n’a pas du tout plu au philosophe britannique Colin McGinn, auteur d’une vingtaine d’ouvrages sur la philosophie de l’esprit – dont aucun n’a été traduit en français. McGinn rend hommage à l’immense culture du Français, mais récuse la confusion qu’il fait, selon lui, entre science et philosophie. La prétention du chercheur à juger que la neurologie pourra un jour se substituer à la philosophie pour rendre compte des catégories fondamentales du bon, du vrai et du beau lui paraît profondément naïve. « Ainsi sommes-nous invités à admettre que le débat philosophique traditionnel sur l’art peut être remplacé par la science du cerveau. L’art, pour Changeux, revient à ce que fait votre cerveau quand vous regardez, écoutez, ressentez de l’émotion – une agitation cellulaire, sans plus », écrit-il dans la New York Review of Books.
Pour McGinn, ...