Agatha Christie : mystère éclairci !
Publié dans le magazine Books n° 22, mai 2011.
Où donc la digne lady Mallowan, alias Agatha Christie, allait-elle chercher les ingrédients de ses livres cruels et machiavéliques ? Comment sa vie, longue mais terne…
Où donc la digne lady Mallowan, alias Agatha Christie, allait-elle chercher les ingrédients de ses livres cruels et machiavéliques ? Comment sa vie, longue mais terne (si l’on excepte sa curieuse disparition pendant onze jours, en 1926, et quelques voyages au Proche-Orient), a-t-elle pu fournir suffisamment de matière pour sept ans de lecture, à raison d’un roman par mois ? La réponse se trouvait dans soixante-treize carnets entreposés dans le grenier de sa maison d’été, Greenway, et récemment exploités.
On y découvre avec étonnement un processus de création qui est aussi désordonné que ses intrigues sont maîtrisées. Personnages se substituant les uns aux autres, idées recyclées au hasard, prédilection pour les empoisonnements et travail acharné : voilà les secrets de fabrication que révèlent ces notes à l’écriture presque indéchiffrable, entre listes de courses, brouillons de lettres et mauvais poèmes. « La grande révélation, c’est combien ses histoires étaient peu planifiées », s’étonne le Sunday Times. Agatha elle-même semblait ne pas connaître au départ l’identité du meurtrier : tous ses personnages principaux étaient d’emblée dotés de mobiles, et l’écrivain décidait du coupable seulement vers le milieu du récit.