Une science au passé sombre

Dans son dernier livre, un historien américain met un coup de pied dans la fourmilière en montrant que l’épidémiologie moderne est fille de l’esclavage et de la colonisation.


L’épidémiologie est née de l’étude des maladies circulant parmi les populations asservies. Ici, des esclaves fraîchement affranchis sur le HMS London, vers 1880. © Michael Graham-Stewart / Bridgeman Images

À l’heure où les épidémiologistes font l’objet d’un culte sans précédent, un livre vient de paraître qui pourrait quelque peu ternir leur blason. L’émergence de cette science, affirme en effet Jim Downs dans l’introduction des Origines troubles de l’épidémiologie, « ne fut pas seulement le fruit de l’étude des centres urbains européens, mais aussi du commerce international des esclaves, de la colonisation, des guerres et des migrations de populations qui s’ensuivirent ». La discipline serait donc frappée d’un péché originel que l’auteur, un historien américain de la médecine, explore sur une période allant du milieu du XVIIIe siècle jusqu’au milieu du XIXe. Conclusion : loin d’être au départ un projet altruiste, l’épidémiologie procède de bureaucraties dont l’objectif, en collectant et en analysant de grands volumes de données de santé, était d’abord d’étendre la mainmise des empires et les profits du commerce triangulaire. Ce n’était pas par souci du confort des esclaves que l’on ...

LE LIVRE
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Les Origines troubles de l’épidémiologie de Jim Downs, Autrement, 2022

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