La Magna Carta n’a rien inventé
Publié le 15 juin 2015. Par la rédaction de Books.
Crédit : J. W. E. Doyle
La Grande-Bretagne célèbre avec faste les 800 ans de la Magna Carta. Par ce modeste parchemin, le roi Jean sans Terre, acculé par ses barons, acceptait de restreindre ses pouvoirs. Aujourd’hui la « Grande Charte » est considérée comme un texte fondateur de la démocratie anglaise et, au-delà, occidentale. Pourtant, il était loin d’être le premier dans son genre. Le médiéviste britannique David Carpenter rappelle que, dès 877, en France, il était d’usage que les souverains s’engagent lors de leur couronnement à faire respecter la justice.
Dans Magna Carta, l’historien rappelle d’autres précédents. Par exemple, au XIe siècle, Conrad II, roi du Saint-Empire, promet à ses chevaliers de ne pas s’emparer de leurs terres, sauf à suivre en cela des règles ancestrales ou le jugement de leurs pairs. Même l’Angleterre connaît un texte similaire, cent ans environ avant la Magna Carta. En 1100, Henri Ier, fils de Guillaume le Conquérant, promulgue une Charte des libertés dans laquelle il promet d’abolir toutes les coutumes iniques qui oppressent l’Angleterre. Les principes de cette Charte seront repris dans la Magna Carta. « Fondamentalement, ce qui s’est produit en 1215, c’est que le royaume s’est retourné contre le roi et lui a demandé d’obéir à ses propres lois », remarque Carpenter.
L’affaire, cependant, était loin d’être réglée. En juillet 1215, Jean sans Terre obtient du Pape qu’il déclare la Magna Carta « nulle et non avenue pour toujours ». Ce n’est qu’au XVIIe siècle – lorsque l’opposition aux Stuart s’en empare – que le modeste parchemin devient un instrument de révolte politique.