Publié dans le magazine Books n° 73, février 2016.
Avec son récit à deux voix des derniers jours de l’empereur Ngungunyane, figure mythique du Mozambique, Mia Couto invente le roman historique africain.
Documents, archives militaires, travaux d’historiens, recueil de témoignages... Peu de livres ont exigé de Mia Couto autant de travail préparatoire que « Femmes de cendre », premier volume des « Sables de l’empereur », une ambitieuse trilogie consacrée aux derniers jours de Ngungunyane, figure mythique de l’histoire mozambicaine. Paru simultanément au Portugal, au Brésil et au Mozambique, l’ouvrage figure depuis octobre dernier parmi les meilleures ventes de ces trois pays.
Considéré comme l’un des meilleurs écrivains africains contemporains, le Mozambicain Mia Couto « a choisi pour ce nouveau roman une figure qui est en soi un personnage littéraire », rappelle Luis Ricardo Duarte dans le
Jornal de letras. Dernier empereur du royaume de Gaza, qui domina tout le sud du Mozambique dans la seconde moitié du XIXe siècle, Ngungunyane assit son pouvoir en défiant la Couronne portugaise, mais aussi en jouant des divisions entre les tribus locales. L’ayant capturé en 1895, les Portugais le déportèrent ensuite sur l’île de Terceira, aux Açores, où il mourut en 1906. « Pour les uns, ce fut un protonationaliste, pionnier d’une indépendance qui ne se produirait que des décennies ...