L’ouragan des riches
Publié le 8 septembre 2017. Par La rédaction de Books.
UN Photo/Logan Abassi
Ouragans Harvey, Irma et José dans les Caraïbes et aux Etats-Unis, séisme au Mexique, moussons dévastatrices en Asie du Sud-Est, toutes ces catastrophes naturelles ont un point commun. Leurs conséquences rendent les pauvres plus pauvres et les riches plus riches. Et ceci d’abord parce que la reconstruction profite aux mieux lôtis, soutient John Mutter, professeur à l’institut de la Terre de l’université de Columbia, dans Disaster Profiteers.
Les populations pauvres sont souvent les plus touchées par les ouragans et autres séismes parce qu’elles habitent généralement dans les zones les plus dangereuses et dans les constructions les moins résistantes. Mais après la catastrophe, cela ne s’améliore pas. A Haïti en 2010, suite au séisme, tandis que les plus déshérités étaient parqués dans des villages de tentes bondés, les entreprises américaines faisaient main basse sur les contrats de reconstruction. Les commandes confiées aux sociétés haïtiennes n’ont représenté que 2,5% des 295 millions de dollars d’aide internationale récoltés pour aider le pays à se relever, souligne Mutter.
Même chose à la Nouvelle-Orléans après le passage de l’ouragan Katrina. Le plan de reconstruction imposait un moratoire sur la réfection des infrastructures des quartiers. Pas de rénovation de l’éclairage public ou des routes, tant que les habitants n’y étaient pas revenus. Pour la mairie, il s’agissait de ne pas gâcher des ressources en reconstruisant des zones où personne ne s’installerait. Mais c’était aussi, assure Mutter, le plus sûr moyen de décourager les anciens habitants. Comment se loger sans être certain de voir toutes les infrastructures reconstruites. Les investisseurs immobiliers, eux, se sont frottés les mains. Et dix ans après la catastrophe, La Nouvelle-Orléans compte 100 000 habitants afro-américains de moins et un tiers des locataires dépense plus de la moitié de son salaire en loyer.