Ce que mangent (ou pas) les femmes
Helen Gurley Brown, rédactrice en chef du magazine féminin Cosmopolitan entre 1965 et 1997, a travaillé pendant des années à la conception d’un livre de cuisine pour les femmes célibataires. Elle était convaincue que le plus court chemin vers le cœur d’un homme passait par son estomac. Et pas question de s’en sortir avec n’importe quel plat. « Laissez les autres filles lui cuire un bifteck et couper des tomates ; il peut faire ça tout seul », écrivait-elle. Mais les plats et desserts élaborés qui devaient aider les lectrices à conquérir (ou dégoûter) les hommes étaient très loin du régime auquel elle s’astreignait et préconisait aux femmes.
Dans What She Ate, l’historienne de la gastronomie Laura Shapiro examine les assiettes de six femmes notables (Eva Braun, Eleanore Roosevelt…) en suivant littéralement l’adage « tu es ce que tu manges ». Dans celle de Brown, elle ne trouve que de la gelée aux édulcorants. La journaliste anorexique considérait le gras comme disgracieux et les calories comme une force diabolique à laquelle il fallait résister à tout prix. Mais « Shapiro ne s’intéresse pas à la manière dont Brown avec ses obsessions liées à la nourriture a influencé notre culture, regrette Jennifer Reese dans The Washington Post. Cela aurait mérité quelques pages. Pendant des décennies, (…) les mannequins quasi nues et les épouvantables titres associant sexe et minceur sur les couvertures du Cosmo de Brown ont participé à la formation de l’attitude de toute une génération face à la nourriture et au corps de femmes. »
A lire dans Books: Le top model comme syndrome, avril-mai 2017.