Penser c’est bien, dialoguer encore mieux
Nous raisonnons mieux lorsque nous dialoguons que lors de nos ruminations intellectuelles solitaires, avancent Dan Sperber et Hugo Mercier dans The Enigma of Reason. « Les conditions normales d’utilisation de la raison sont sociales, et plus spécifiquement, dialogiques. En dehors de cet environnement, il n’est pas garanti que raisonner agisse au bénéfice du raisonneur », écrivent les deux chercheurs en sciences cognitives.
Depuis une cinquantaine d’années, de nombreux scientifiques s’échinent à démontrer que notre manière de réfléchir est loin d’être aussi rationnelle que ce que l’on prétend. Dan Sperber et Hugo Mercier sont de ceux-là, mais contrairement à leurs prédécesseurs, ils « transforment les faiblesses de la raison en forces, soutenant que ses défauts supposés sont en fait des traits caractéristiques qui fonctionnent remarquablement bien », se réjouit Julian Baggini dans The Financial Times.
Notre capacité à raisonner est héritée et elle s’est adaptée selon les lois de l’évolution. Nos ancêtres n’avaient pas à résoudre des problèmes de logique abstraits, il leur importait surtout d’arriver à vivre en collectivité et de convaincre leurs semblables. Il semblerait donc que, pour améliorer nos décisions et produire des pensées de plus haute qualité, la nature nous ait contraints à dialoguer les uns avec les autres.
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