Ce que je pense est-il fondé

Victime de multiples biais cognitifs d’autant plus pervers qu’ils sont inconscients, je me repose sur l’expertise d’autrui et évolue dans l’illusion de savoir pourquoi j’ai raison.

Ai-je raison de penser ce que je pense ? (Si j’ai une opinion sur le sujet, s’entend.) Comment puis-je en être sûr ? Se pourrait-il que ce que je pense, sans doute pas sur tous les sujets, mais sur la plupart ou sur beaucoup d’entre eux, ne soit pas fondé ? À vrai dire, il n’est pas besoin d’une longue réflexion pour s’en convaincre et constater qu’il en va de même pour chacun d’entre nous. Déjà longuement explorée par Socrate, cette idée continue de cheminer, plus ou moins souterrainement. Mise le plus souvent sous le boisseau, objet du plus formidable de tous les dénis, elle connaît aujourd’hui une nouvelle jeunesse, par la vertu de ce qu’on appelle abusivement les « sciences cognitives ». Je dis « abusivement », parce qu’en fait de science on est bien sûr loin du compte. Disons plutôt qu’un certain nombre de chercheurs, intéressés par le fonctionnement de notre cerveau pris en flagrant délit de juger, décrivent de manière de plus en plus fine les « biais » qui instruisent notre pensée à nos dépens. En France, le ...
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L’Idéologie ou l’Origine des idées reçues de Raymond Boudon, Points, 2011

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