Le nouvel opium du peuple ? L’oubli
« L’ardent désir de la modernité capitaliste est d’oublier », affirme Francis O’Gorman. Dans son dernier ouvrage, Forgetfulness, ce professeur de littérature anglaise de l’université d’Édimbourg examine le rôle de la mémoire collective au cours de l’histoire.
Selon O’Gorman, notre amnésie collective devint réellement visible à partir du XIXème siècle, mais son origine est bien plus ancienne. Avec l’arrivée du christianisme, l’Occident moderne s’est mis à rejeter l’histoire. Cette doctrine encourage les fidèles à se concentrer sur leur salut dans l’au-delà et instaure même un sacrement permettant de faire table rase du passé : celui de la confession, qui efface les pêchés commis.
Et depuis, notre enthousiasme à oublier le passé n’a cessé de croître, atteignant son apogée dans nos sociétés occidentales contemporaines. « Dans cet environnement, le personnage idéal est un individu sans identité définie, un faisceau de désirs et de perceptions qui répond aux opportunités éphémères sans avoir besoin de se façonner une histoire de vie cohérente », commente John Gray dans New Statesman.
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