L’Europe existe-t-elle ?
Publié le 19 décembre 2018. Par Amandine Meunier.
Avec Europe. A Natural History, le paléontologue australien Tim Flannery s’est fixé trois buts, « expliquer comment l’Europe s’est formée, comment son histoire a été révélée, et pourquoi elle devenue si importante pour le monde », précise l’historien David Garrioch dans l’Australian Book Review. Pour cela, il emmène le lecteur à la découverte de l’histoire géologique du continent, de sa faune et de sa flore. Il décrit au passage des scènes qui semblent incongrues aujourd’hui : des hippopotames dans la Tamise, des rhinocéros laineux en Écosse, des cobras en Hongrie, des petits singes en Toscane, ou l’incroyable entélodonte, surnommé le « cochon de l’enfer » », un mammifère carnivore de 400 kg se déplaçant à la vitesse d’un sprinteur qui vivait dans nos forêts il y a 100 millions d’années. Dans le livre de Flannery, ces animaux fabuleux côtoient des êtres humains non moins exceptionnels tant « la paléontologie et les disciplines associées regorgent de personnages étonnants comme le baron transylvanien Franz Nopcsa von Felső-Szilvás, homosexuel flamboyant et aristocrate arrogant, qui fut le premier à identifier des fossiles de dinosaures parmi les plus vieux d’Europe », rapporte Garrioch.
Flannery a deux arguments très importants à faire valoir au sujet de l’acte de retracer la faune et la flore de l’Europe à travers les époques, note le philosophe Robert Mayhew dans la Literary Review. « Le premier est que la notion même d’espèce indigène ou endémique est problématique. » Deuxièmement, il déconstruit l’idée qu’il est scientifiquement fondé d’offrir une histoire naturelle géographiquement circonscrite. « Si la mobilité et l’hybridation définissent le développement des espèces, des descripteurs géographiques tels que « Europe » sont au mieux des outils de classement et au pire de nature à induire en erreur. Europe. A Natural History finit par fragiliser le concept même d’Europe. »
Cela n’empêche pas Flannery d’envisager un futur radieux pour la faune européenne. Selon lui, le retour à l’état sauvage d’une partie du territoire, la réintroduction du loup et la préservation du bouquetin annoncent une relation plus apaisée entre l’homme et les autres espèces.
À lire aussi dans Books : L’origine des Européens, janvier 2015.