Refroidissement climatique
Publié le 18 février 2019. Par Olivier Postel-Vinay.
Pour des raisons mal comprises, la température globale a baissé de 1° C vers l’an 1400, puis d’encore 1° C au siècle suivant. Et le froid a duré. La Tamise a gelé cinq fois entre 1400 et 1550. Entre 1551 et 1700, le fleuve s’est trouvé à douze reprises recouvert d’une épaisse couche de glace, sur laquelle les chevaux pouvaient circuler.
En 1666, à la suite d’un hiver particulièrement rigoureux, d’un printemps sec et d’un été chaud, les charpentes en bois des maisons de Londres ont séché et le feu a pris : ce fut le Grand incendie, dans lequel 80 000 habitants perdirent leur logis. Durant cette période, les moissons furent altérées, les paysans connurent la faim et ne parvinrent plus à payer leurs maîtres. Sorcières et autres charlatans désignèrent des boucs émissaires qui finirent au bûcher.
Catastrophe climatique
Sans se limiter à l’Angleterre, le journaliste et historien Philipp Blom explique que cette catastrophe climatique a paradoxalement contribué à l’essor commercial, industriel et intellectuel de l’Europe. L’agriculture s’est réorganisée et rationalisée, les marchands sont allés chercher des marchés dans des terres lointaines. « L’acceptation médiévale d’une économie vécue comme cyclique et stable a cédé la place à l’idée d’une croissance continue fondée sur une implacable expansion impérialiste et industrielle ».
Dans les grandes villes, le commerce a dopé la mobilité sociale et favorisé « une tolérance pragmatique et un élargissement des horizons intellectuels ». Ce fut « le terreau sur lequel une philosophie largement séculière, rationnelle et universaliste a pris son essor ».