Il y a des gens qui lisent beaucoup, beaucoup. Par exemple l’homme d’affaires américain Warren Buffett, qui consacre 80 % de son temps à la lecture et dévore plus de 500 pages par jour. Comme il va sur ses 90 ans, il a pu en théorie ingurgiter l’équivalent de 25 000 livres pendant sa longue vie (à titre de comparaison, le « grand lecteur », dans la définition officielle française, se limite mesquinement à 20 livres par an au minimum). Mais comment, si l’on part du principe qu’on ne lit pas seulement pour se distraire mais aussi pour apprendre (voire, idéalement, les deux à la fois), peut-on donc retenir le contenu de 25 000 livres ?
C’est ici qu’apparaît le mérite du livre-objet : on peut y stocker le savoir, le stocker lui-même et, avec un minimum d’organisation, le retrouver. À l’indignation de certains, comme Socrate, qui voyait là une sorte de tricherie. L’écriture est inhumaine, postulait-il (par oral – à charge pour Platon, qui ne craignait pas la contradiction, de mettre ses vues par écrit), car elle place les choses de l’esprit en dehors de l’esprit humain, et elle « produira l’oubli dans l’âme de ceux qui ...