Mêmes les électrons ont une conscience
Publié en janvier 2020. Par Amandine Meunier.
Non, les neurosciences ne permettront pas de comprendre ce qu’est la conscience. Elles peuvent décrire le fonctionnement du cerveau, pointer les corrélations entre l’activation d’une des ses aires et telle sensation, mais comme toutes les sciences physiques elles ne pourront décrire une expérience de conscience. Et ce parce qu’elles emploient un vocabulaire mathématique, quantitatif alors que la conscience est par essence une phénomène qualitatif, explique le philosophe britannique Philip Goff.
Tout ça est d’ailleurs la faute de Galilée, précise-t-il dans son dernier livre Galileo’s Error. Le père de la science moderne en fondant sa pratique sur l’emploi du langage mathématique en a éliminé tout ce qui ne pouvait se mesurer. La conscience a été repoussée hors du champ scientifique.
Selon Goff, il faut pour la comprendre changer de méthode et se fier à une théorie : le panpsychisme. Son livre est « une défense en règle » de cette approche philosophique selon laquelle toute matière, de l’humain à la particule élémentaire la plus basique, est une forme de conscience, précise le philosophe Galen Strawson dans le quotidien The Guardian.
Goff s’appuie sur les travaux menés dans les années 1920 par le philosophe Bertrand Russell et l’astrophysicien Arthur Eddington. Ils postulent que la physique ne fait que décrire le comportement de la matière sans jamais en définir la nature intrinsèque, et résolvent ce problème en supposant que la matière est composée de formes de conscience.
« C’est clairement un point de vue difficile à défendre, assure Strawson, mais quand on réfléchit sérieusement à la conscience, et qu’on met de côté le ramassis d’artifices philosophiques habituels, il ne reste plus qu’à choisir entre une version du panpsychisme ou les contes de fées sur les âmes immatérielles ».
À lire aussi dans Books : Le problème de la conscience reste entier, octobre 2011.