L’autre Miss Austen
Publié le 30 janvier 2020. Par Amandine Meunier.
Les Britanniques n’en ont jamais assez de Jane Austen. L’édition et la télévision le savent bien qui se sont essayées à toutes sortes d’adaptations, d’interprétations, de suites, de réécritures, de biographies et autres créations dérivées des écrits et de la vie de la romancière pour séduire ses nombreux fans. En voilà deux de plus publiées en janvier : The Other Bennet Sister de Janice Hadlow, réécriture d’Orgueils et Préjugés du point de vue de Mary, la très ordinaire et ennuyeuse sœur d’Elizabeth l’héroïne la plus populaire d’Austen, et Miss Austen de Gill Hornby, qui contrairement à ce que son titre laisse penser n’est pas consacré à Jane, mais à sa sœur ainée Cassandra.
Les lettres de Jane Austen
Cassandra, cinquième de la grande fratrie Austen (huit enfants) et unique sœur de Jane, a été toute sa vie la confidente de la romancière. Après le décès de leur père, les deux femmes, restées célibataires, vivent modestement avec leur mère. C’est grâce à Cassandra que nous connaissons le visage de Jane. Aquarelliste à ses heures, elle est l’auteur des seuls portraits authentifiés de sa sœur. C’est aussi à cause d’elle, selon les spécialistes, que la personnalité de Jane reste une énigme. Cassandra aurait brûlé une grande partie de la correspondance de sa sœur.
Avec son roman, l’écrivaine Gill Hornby « essaye de résoudre le mystère en imaginant les motivations de Cassandra et en faisait des suggestions alléchantes sur le contenu de ces lettres », note la critique britannique Stephanie Merritt dans l’hebdomadaire The Observer.
Les motivations de Cassandra Austen
Cassandra, peu de temps avant sa mort et bien après celle de sa sœur, est sur le point de détruire les lettres que Jane avait envoyé à son amie Eliza. Évidemment, leur lecture la replonge dans ses souvenirs : le décès de son fiancé, les problèmes financiers de la famille, les prétendants de sa sœur…
« Tout cela permet à Hornby d’observer le marché du mariage, le sort des femmes, et la domination masculine (mais dans une satire un peu moins fine que celle de Jane Austen) et aussi de suggérer que l’entourage d’Austen a pu lui inspirer certains de ses personnages », précise le magazine américain Kirkus Reviews. Pour Merritt cependant le livre offre surtout « la grande joie de se trouver plongé dans un monde qui est vraiment celui de Jane et ce depuis la première page. »
À lire aussi dans Books : Jane Austen en version hémoglobine, mars-avril 2010.