Vampirisée – Jane Austen en version hémoglobine
Publié dans le magazine Books n° 12, mars-avril 2010.
Morts vivants, vampires et monstres marins envahissent l'oeuvre de la romancière britannique.
Tout semble opposer l’univers raffiné et sentimental des romans de Jane Austen à celui des films d’horreur. L’écrivain new-yorkais Ben H. Winters les a cependant réunis dans son pastiche « Raisons et sentiments et monstres marins », sorti à l’automne 2009 aux États-Unis. L’intrigue du livre reste celle du roman d’Austen, à ceci près que les jeunes sœurs désargentées en quête du grand amour ne vivent plus dans un cottage du Devonshire, mais sur une île assaillie par des monstres marins. Le prétendant qui vient au secours de la jeune fille surprise par l’orage est « un gentleman vêtu d’une tenue de plongée et d’un casque, et muni d’un harpon » qui affronte un calmar géant « crachant des petits morceaux de cervelle et du sang depuis les commissures de sa bouche ».
Ce détournement n’est pas absurde, estime The Observer, qui note que la société décrite par Austen est peuplée de terribles prédateurs, tels ces « messieurs sans scrupules prêts à enlever et dévorer les jeunes filles ». En un sens, «&...